La reprise économique cale dans une Europe affaiblie par la Grèce

[12/02/2010 16:20:00] BRUXELLES (AFP)

photo_1265969916944-2-1.jpg
ège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Martin Oeser)

L’Europe a connu une croissance encore plus faible que prévu au quatrième trimestre, marquant un ralentissement de la reprise économique, une mauvaise nouvelle supplémentaire alors qu’elle est déjà aux prises avec la crise budgétaire grecque.

La zone euro a enregistré une croissance de son Produit intérieur brut (PIB) de 0,1% sur les trois derniers mois de 2009 comparé au trimestre précédent, selon une première estimation publiée vendredi par l’Office statistique européen Eurostat.

C’est moins que prévu par les économistes. Ils tablaient généralement sur une progression de 0,3%, après celle de 0,4% au troisième trimestre.

Ce quasi coup d’arrêt à la reprise économique est une mauvaise surprise pour la zone euro, clôturant une année marquée par la pire récession qu’elle ait jamais connue. Sur l’ensemble de 2009, les seize pays de la zone euro ont enregistré un recul record de 4% de leur activité.

L’ensemble de l’Union européenne a de son côté réalisé une croissance atone de 0,1% au quatrième trimestre, et un recul de son PIB de 4,1% sur l’ensemble de l’année.

La faible croissance de la fin 2009 est due particulièrement à l’Allemagne, première économie de la zone euro, dont le PIB a stagné au quatrième trimestre, en raison d’un recul de la consommation privée et des investissements. C’est un coup d’arrêt brutal après une croissance de 0,7% au troisième trimestre.

Autre déception: l’Italie, qui avait retrouvé le chemin de la croissance au troisième trimestre, a connu une contraction surprise de son économie de 0,2%.

L’Espagne est quant à elle restée en récession, avec une contraction trimestrielle de 0,1%. Et la récession grecque s’est accentuée, avec un recul du PIB de 0,8% au quatrième trimestre.

Principale bonne nouvelle, la France a connu une croissance de 0,6%, meilleure que prévu par l’institut statistique national. Mais cela n’a pas suffi à contrebalancer les mauvais chiffres des autres grandes économies.

La zone euro comme l’UE étaient sorties de la récession au troisième trimestre 2009, après cinq trimestres consécutifs de contraction de l’économie. Les économistes espéraient que la reprise continue sur le même rythme au quatrième trimestre, même s’ils mettaient en garde contre les risques d’un ralentissement par la suite, en 2010.

Le chiffre du quatrième trimestre est “désespérément décevant”, et montre que “la région fait toujours face à des conditions économiques et financières très difficiles”, note Howard Archer, économiste à l’institut IHS Global Insight.

“Le ralentissement de la croissance (…) est un coup dur”, renchérit Jennifer McKeown, chez Capital Economics, soulignant que cela “va renforcer les craintes des marchés concernant la région”.

Ceux-ci sont déjà en proie aux pires inquiétudes du fait de la crise grecque, et des craintes de contagion à d’autres pays de la zone euro, principalement l’Espagne et le Portugal.

La croissance décevante du quatrième trimestre ne va pas les rassurer, d’autant que les économistes s’interrogent maintenant sur un possible retour à la récession dans la zone euro.

“La reprise est-elle finie avant d’avoir commencé?”, se demandent les économistes de Capital Economics.

Avec les efforts prévus par les gouvernements pour réduire les déficits, qui “menacent d’empêcher une reprise notable des dépenses”, les “risques pesant sur la région augmentent”, souligne Jennifer McKeown.

“Nous ne nous attendons pas à ce que la zone euro retombe dans la récession”, indique cependant Howard Archer, mais la reprise devrait rester “fragile”.

De ce fait, “les gouvernements et la Banque centrale européenne doivent être prudents quant à un retrait des mesures de relance trop rapide ou trop agressif”, prévient-il.