Grande distribution : le “drive” trace sa route dans l’Hexagone

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é valide sa commande depuis son véhicule le 6 février 2010 sur le parking d’un “drive” à Mantes-la-Jolie. (Photo : Bertrand Langlois)

[13/02/2010 11:10:53] PARIS (AFP) La grande distribution place ses pions sur la carte de France pour installer des “drive”, ces emplacements où les consommateurs peuvent retirer en voiture leurs courses préalablement commandées sur internet.

“La bataille sur les sites est forte actuellement entre Leclerc, Auchan et dans une moindre mesure Système U”, qui “sont en train de se positionner pour confectionner leur maillage”, confirme Michel-Edouard Leclerc, patron des magasins du même nom.

“Ceux qui s’y mettent maintenant optimisent leur capacité logistique”, souligne-t-il. Car il ne suffit pas d’avoir un point de retrait des commandes, encore faut-il disposer d’un entrepôt à proximité d’environ 1.000 mètres carrés, difficile à implanter à proximité des villes et des zones de travail.

Le modèle économique reste à affiner: les uns optent pour une structure indépendante d’un magasin classique, implantée sur des axes stratégiques entre zones de travail et zones résidentielles, à l’instar de Chronodrive, un pionnier dont l’actionnaire majoritaire est Auchan.

D’autres ont adossé leurs “drive” à un hypermarché: Leclerc a ouvert 40 “Express Drive”, Auchan 22 “Auchan Drive”.

Certains emploient du personnel dédié, d’autres demandent aux salariés de l’hypermarché voisin de prêter main forte. Les articles de la commande -dont la préparation peut être gratuite ou facturée- peuvent provenir des rayons d’un magasin (comme chez courseu.com de Système U) ou d’une unité de stockage spéciale.

Les acteurs qui ont quelques années d’expérience montent maintenant en puissance. Chronodrive va ouvrir 20 magasins supplémentaires cette année et embaucher un millier de personnes.

Leclerc a autorisé les magasins du groupement à exploiter chacun deux “drive”, “un accolé à leur hyper et si possible un deuxième de l’autre côté de la ville où ils sont implantés”. D’ici trois ans, il s’attend à ce que 90% des centres Leclerc aient au moins un “drive”.

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é de supermarché charge les courses d’une cliente dans son véhicule le 6 février 2010 sur le parking d’un “drive” à Mantes-la-Jolie. (Photo : Bertrand Langlois)

Carrefour a annoncé qu’il allait se lancer cette année, avec l’ouverture d’une dizaine de Carrefour Drive.

Selon le magazine spécialisé Linéaires, le groupe prévoit d’ouvrir d’ici trois ans pas moins d’une centaine de “drive” adossés à des magasins et 70 entrepôts indépendants.

Les distributeurs sont peu bavards sur le nombre de clients actuels des “drive” et leur chiffre d’affaires, mais vantent ses avantages pour le consommateur: gain de temps, choix du moment du retrait de la commande, économie du coût de la livraison.

Autrement dit, contourner les inconvénients du commerce en ligne. Car celui-ci s’adapte bien aux objets relativement légers, moins à des produits alimentaires lourds comme les packs d’eau ou de lait, qui font exploser les coûts de livraison.

“Le +drive+ permet d’éviter ce problème”, confirme Annie Girac, spécialiste de la distribution chez l’assureur-crédit Euler Hermes. “Pour des familles qui ont des enfants, qui sont assez jeunes et dont la femme est active, c’est extrêmement intéressant”, juge-t-elle.

Et une fois que le consommateur “a sa liste qu’il renvoie systématiquement”, il hésitera peut-être à aller dans une autre enseigne.

Chez Système U, Thierry Desouches, responsable de la communication, y voit aussi “un élément de plus pour fidéliser le consommateur”. Le “drive” permet de “faire disparaître l’espèce de corvée” que peut représenter le fait de faire ses courses dans une grande surface le samedi, relève-t-il.

“Les clients qui avaient fui les hypers les plus grands parce qu’ils trouvaient qu’ils y perdaient trop de temps, y reviennent avec le drive”, relève M. Leclerc. Mais plutôt en semaine, après le bureau.