ésident de la banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, le 10 mars 2009 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes) |
[15/02/2010 13:21:57] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) L’Allemagne et son poulain Axel Weber étaient susceptibles de marquer des points lundi dans la course officieuse à la présidence de la Banque centrale européenne, alors que les ministres des Finances de la zone euro devaient désigner un vice-président.
Si le thème principal reste la crise grecque, les grands argentiers des Seize devaient aussi choisir, lors de leur réunion à Bruxelles, qui remplacera Lucas Papademos à la vice-présidence de la BCE.
Le mandat du Grec arrive à échéance fin mai, celui du président français de la BCE Jean-Claude Trichet fin octobre 2011, mais les deux nominations n’en sont pas moins liées.
Officiellement, le gouvernement d’Angela Merkel qualifie le débat de “prématuré”. Mais selon des rumeurs de presse insistantes, Berlin fait pression pour que le chef de la banque centrale portugaise Vitor Constancio décroche le poste de numéro deux au lieu du Luxembourgeois Yves Mersch, dans l’objectif d’installer son protégé, Axel Weber, à la place du numéro un l’an prochain.
L’usage veut en effet qu’un équilibre soit préservé entre les pays du nord et du sud dans l’attribution des postes européens.
Or après le départ de M. Papademos, les Etats méridionaux pourront légitimement revendiquer une représentation plus adaptée. Berlin craint que cet état de fait ne serve les intérêts d’un autre candidat officieux à la présidence de la BCE, l’Italien Mario Draghi, selon la presse.
La nomination de Constancio couperait donc l’herbe sous le pied du gouverneur de la banque d’Italie.
“Toutes ces manoeuvres politiques ne doivent pas contrairement à d’autres fois dans le passé se faire au détriment de l’Europe: Weber est un excellent économiste, un banquier central reconnu qui a en outre prouvé qu’il peut résister à la pression politique”, écrivait lundi le Süddeutsche Zeitung dans un éditorial, avant de reconnaître des qualité équivalentes à Mario Draghi.
Les nominations “sont un jeu politique, pas un concours de beauté”, soulignait Carsten Brzeski, économiste à la banque ING.
En Allemagne, Axel Weber, 53 ans en mars, est reconnu par ses pairs et les pouvoirs politiques, mais reste peu connu du public. Le mettre aux commandes de la BCE, c’est pour Berlin garantir la stabilité de l’euro et une lutte sans merci contre l’inflation, qui reste pour les Allemands le mal absolu depuis la grande crise de 1923.
Ce professeur en économie, toujours tiré à quatre épingles, aux manières un peu brusques, a gagné ses lettres de noblesse pendant la crise en contribuant au sauvetage du système financier allemand.
Son éventuelle accession à la présidence de la BCE, l’un des postes les plus importants en Europe, marquerait l’apogée d’une carrière menée tambour battant. Né à Kusel, un village dans le Palatinat (ouest), il est devenu professeur en sciences économiques à l’âge de 37 ans.
A 45 ans, il rejoint le cercle très fermé des “Cinq Sages”, les conseillers du gouvernement en matière économique.
Deux ans plus tard, il prend les commandes d’une Bundesbank en pleine crise après la démission forcée du précédent président Ernst Welteke, qui s’était laissé payer un séjour luxueux à Berlin par la Dresdner Bank.
Chargé de redorer l’image de l’institution, Axel Weber, qui est sans étiquette politique, veut lui assigner une nouvelle tâche, la surveillance bancaire. Il s’entoure de proches venus de l’extérieur et poursuit sans état d’âme restructurations et fermetures d’antennes régionales, ce qui lui vaut les ressentiments du personnel très soudés de la “Buba”.
En octobre dernier, ses salariés ont même manifesté à Francfort, du jamais vu dans l’histoire de la banque centrale.