ée d’un magasin Lidl à Berlin le 10 avril 2008. (Photo : John Macdougall) |
[17/02/2010 10:50:23] BERLIN (AFP) Le géant allemand du discount Lidl, souvent critiqué pour le traitement de ses salariés, est favorable à l’instauration d’un salaire minimum dans le commerce de détail, selon un courrier de sa direction obtenu par l’AFP, et qui représente un revirement majeur.
“Nous partageons (…) votre position selon laquelle un salaire minimum doit absolument être introduit dans le commerce de détail”, écrit la direction de Lidl dans une prise de position adressée au professeur d’université Rudolf Hickel, un des plus fervents avocats d’un salaire minimum.
L’Allemagne n’a pas de salaire minimum généralisé, seuls quelques secteurs en ont introduit un au terme de négociations entre les partenaires sociaux. Les employeurs dans le commerce de détail, une branche où les salaires horaires sont parmi les plus bas, se sont jusqu’à présent fermement opposés à un tel mécanisme.
Mais Lidl, régulièrement mis au pilori par les syndicats et la presse pour son traitement de ses salariés et éclaboussé par plusieurs scandales d’espionnage de son personnel, juge maintenant qu’un salaire minimum permettrait de limiter “le dumping salarial que l’on observe par endroits dans le commerce de détail”.
Lidl est le numéro deux allemand du discount alimentaire après Aldi, et un des plus gros acteurs européens du secteur. Le groupe emploie plus de 50.000 salariés en Allemagne, qui sont payés au delà du salaire fixé dans la branche, affirme-t-il dans son courrier.
La prise de position de Lidl a suscité des réactions prudentes, aussi bien côté patronal que syndical. La fédération des commerçants de détail HDE s’est montrée réservée. Le géant de la distribution Metro s’est quant à lui dit “ouvert” à l’élaboration d’accords négociés dans la branche, mais “strictement opposé à un salaire minimum fixé par l’Etat”, a dit un porte-parole, selon le Financial Times Deutschland (FTD) de mercredi.
Côté syndicats, la réserve était également de mise. “Si Lidl est sérieux dans son annonce de s’engager pour un salaire minimum dans le commerce, cela est en principe digne d’être salué”, a réagi la vice-présidente du syndicat des services Ver.di, Margret Mönig-Raane, également dans le FTD.
La question centrale reste de savoir à combien ce salaire minimum devrait être fixé, a-t-elle ajouté. La fédération HDE et Ver.di négocient actuellement en vue de remplacer l’actuelle convention de branche.