à Séville, le 11 décembre 2009 (Photo : Bertrand Guay) |
[17/02/2010 16:18:44] PARIS (AFP) “Les choses progressent bien”: le ministre de la Défense, Hervé Morin, s’est voulu optimiste mercredi sur les chances de sauver l’avion de transport militaire européen A400M, menacé par 5,2 milliards de surcoûts.
Engagés depuis des mois, les pourparlers entre les Etats partenaires du programme et l’industriel EADS pourraient aboutir dans une semaine, le 24 février. Ce jour-là, les ministres de la Défense de l’Union européenne ont rendez-vous à Palma de Majorque (Espagne) pour une réunion informelle.
En marge de cette réunion, sept d’entre eux, représentant les sept Etats partenaires et clients du programme (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie), se retrouveront pour tenter de mettre la dernière main à un accord politique. M. Morin a confié qu’il serait “déçu” qu’il n’y parviennent pas.
Début février, le PDG d’EADS, Louis Gallois, envoyait la balle dans le camp de ses partenaires gouvernementaux, leur donnant jusqu’à la mi-février pour esquisser un accord. Ceux-ci lui ont répondu par un courrier proposant une solution commune, a annoncé mercredi M. Morin.
Une information confirmée par EADS qui affiche cependant un prudent optimisme. “Cette lettre constitue certainement une étape importante vers un point de convergence, mais ne représente pas encore un projet d?accord”, a souligné le groupe européen dans un communiqué.
écolle de Séville, le 11 décembre 2009 (Photo : Bertrand Guay) |
EADS souhaite encore “obtenir une clarification d?un certain nombre de points” et relève que “des questions restent sujettes à des discussions ultérieures”.
Sur les 5,2 milliards d’euros de surcoûts, les Etats clients ont proposé d’apporter 2 milliards d’euros par le jeu de hausses de prix, d’une réduction du nombre d’avions livrés et d’un échelonnement des standards techniques.
S’ajouteraient 1,5 milliard d’aides financières. M. Morin parle “d’avances remboursables” mais le groupe souhaiterait qu’il ne s’agisse pas d’un prêt qui alourdirait son bilan mais plutôt d’un mécanisme de sessions de technologies aux gouvernements. Ceux-ci toucheraient des royalties en retour.
“Cette clarification est cruciale”, explique-t-on de source proche du dossier.
Quant au ministre de la Défense, il a lui-même reconnu qu’il restait à déterminer la répartition de ces 1,5 milliard d’euros entre les sept Etats partenaires, la France étant prête à mettre 400 millions d’euros sur la table.
Sur les 1,7 milliard non encore financés, EADS s’est déclaré prêt à prendre à sa charge 800 millions d’euros, sachant que par le passé, le groupe avait déjà provisionné 2,4 milliards d’euros. Resteraient donc environ 900 millions euros à trouver que les Etats voudraient voir une nouvelle fois assumés par l’industriel.
“L’enjeu financier est tout à fait à sa portée”, a assuré M. Morin, faisant valoir que les Etats avaient déjà consenti “un effort important dans la prise en charge des surcoûts, l’effacement des pénalités, la capacité de mettre en place des avances remboursables”.
L’A400M est un programme “majeur” pour les Européens qui “représente 40.000 emplois directs et indirects” et déterminera leur “capacité à être présents sur le créneau des avions de transport militaires sans dépendre des Américains”, a-t-il également souligné.
Un prototype a volé pour la première fois en décembre à Séville (Espagne) mais cet avion, attendu avec une extrême impatience par les armées de l’air dont les flottes de transport sont bien souvent à bout de souffle, accuse un retard d’au moins trois ans sur le calendrier initialement prévu.