à Santa Maria en Californie (Photo : Robyn Beck) |
[18/02/2010 07:49:22] PARIS (AFP) L’affaire des faux pinot exportés aux Etats-Unis dont les protagonistes ont été sanctionnés mercredi par la justice, reste une exception dans un milieu viticole français qui, malgré plusieurs cas ayant défrayé la chronique, s’est toutefois largement assagi selon les spécialistes.
“Ce qui s’est passé avec l’affaire des faux Pinot est extrêmement rare en France, il faut le souligner”, résume Marie Taillard, chargée de la communication de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), “cela reste une exception”.
La répression des fraudes avait découvert la tromperie en mars 2008 lors d’un contrôle à la société Ducasse à Carcassonne. La fraude consistait à vendre au négociant américain Gallo du merlot et du syrah pour du pinot, presque deux fois plus cher. Des viticulteurs et des négociants du Languedoc Roussillon ont donc été épinglés, mais l’image de marque des vins de la région devrait en pâtir.
“Ce n’est effectivement pas bon pour l’image. Cela crée la suspicion”, assure Barthélémy, journaliste spécialiste du milieu viticole.
Lorsque l’on se penche sur les dix ou vingt dernières années, les viticulteurs ou négociants français ont très rarement été pointés du doigt pour des fraudes de cette ampleur. Mais les rares fois où cela s’est produit, la résonance a été terrible.
La dernière affaire avait notamment fait l’effet d’une bombe. Le “roi de Beaujolais” Georges Duboeuf avait en effet été condamné en 2006 pour “tromperie” sur la qualité de ses breuvages. La société Duboeuf avait concocté l’équivalent de 300.000 bouteilles de vin à partir de mélanges de raisins d’appellations différentes, en violation des règles régissant les appellations d’origine contrôlée.
és de la maison de Champagne Duval-Leroy versent dans un pressoir, le 21 août 2003 à Bligny, des grappes de raisins de cépage pinot noir, aux premiers jours des vendanges. (Photo : Alain Julien) |
Au-delà de l’ampleur de la fraude, étant donné la renommée de Georges Duboeuf à l’étranger, l’image de marque du Beaujolais avait été affectée pendant un moment.
Mais depuis, plus rien. En tout cas de ce niveau. “Cela ne veut pas dire que c’est une profession dans laquelle tout va bien mais ce n’est pas la pire des professions”, assure Mme Taillard.
Lorsque l’on parle de fraudes dans le milieu viticole, cela recouvre plusieurs choses, de la tromperie sur la marchandises (mélange interdit d’appellations, fausses étiquettes) aux problèmes de traçabilité.
Mais la fraude la plus répandue en France recensée par la DGCCRF est bien moins fracassante. Dans 90% des cas, ce sont des “problèmes formels” notamment l’absence de mention obligatoire sur les registres. “En fait les contrôles n’ont pas montré de problèmes majeurs dans le secteur du vin”, assure Mme Taillard.
En 2008, sur 5902 établissements contrôlés par la DGCCRF, seuls 3% avaient écopé d’un procès-verbal.
“Notre profession a fait beaucoup de progrès. Et puis on contrôle beaucoup mieux de nos jours”, assure Sylvie Cazès, présidente de l’union des grands crus de Bordeaux.
“Les répercussions sont bien trop importantes maintenant. L’image compte énormément dans un marché qui s’est mondialisé”, explique Barthélémy.
La réglementation s’est aussi adaptée. Les professionnels ont en effet réussi à faire accepter certaines pratiques qui étaient considérées, il y a une quinzaine d’années, comme illégales, c’est notamment le cas pour la chaptalisation ou le coupage des vins.