éricaine (Fed) à Washington. (Photo : Karen Bleier) |
[19/02/2010 00:06:04] WASHINGTON (AFP) La banque centrale centrale américaine (Fed) a fait jeudi un pas pour sortir de ses mesures exceptionnelles de soutien au crédit, en relevant modestement un taux d’intérêt mineur.
La Réserve fédérale a annoncé dans un communiqué le relèvement de son taux d’escompte, d’un quart de point à 0,75%.
Les conséquences directes de cette mesure devraient être relativement limitées. Le taux d’escompte est celui auquel se refinancent les banques quand le marché interbancaire n’y suffit pas.
Cette facilité de crédit est peu utilisée par les banques aujourd’hui: à la date de mardi, leurs emprunts se montait seulement à 15,1 milliards de dollars, soit sept fois moins qu’un an auparavant.
En revanche, la décision a une très forte portée symbolique. La Fed augmente l’un des taux d’intérêt qu’elle contrôle pour la première fois depuis le début de la crise financière en 2007.
Elle avait déjà laissé entendre que ce serait l’une des premières mesures de sa stratégie de sortie. Mercredi, un compte-rendu de sa réunion de politique monétaire de janvier indiquait que ses techniciens avaient suggéré cette mesure aux membres du comité de politique monétaire.
Mais la décision arrive plus tôt que ne le pensaient beaucoup d’analystes. “Le moment choisi est une surprise”, a jugé Ian Shepherdson, économiste de High Frequency Economics.
“Peu importe que ce mouvement de la Fed ait été téléphoné et qu’elle ait essayé d’assurer aux marchés que cela ne marquait pas le début d’une phase de resserrement”, cette décision “a provoqué une réaction automatique des marchés”, a relevé un journaliste du Wall Street Journal, Matt Phillips, sur son blog.
Le dollar est brusquement remonté, grâce à la perspective d’une meilleure rémunération pour le billet vert. Et le marché obligataire a trébuché, en même temps que les contrats à terme sur les indices boursiers de New York, de peur que le coût de l’argent ne se renchérisse.
La Fed espérait que la nette amélioration de la conjoncture aux Etats-Unis lui permettrait d’envisager une telle décision sans bouleverser les marchés.
Mercredi, la banque centrale avait annoncé un relèvement de sa prévision de croissance en 2010, après déjà deux trimestres de hausse pour l’activité de la première économie mondiale. Elle avait aussi indiqué que les conditions sur les marchés financiers étaient “favorables à la croissance”.
Dans son communiqué jeudi, elle a pris toutes les précautions pour ne pas laisser penser qu’elle entreprenait un resserrement de sa politique monétaire.
Elle a qualifié la décision de “nouvelle normalisation des facilités de prêt de la Réserve fédérale”, après “la fermeture d’un certain nombre de programmes extraordinaires pour le crédit au début du mois”.
Et elle a réitéré son engagement en faveur d’un taux directeur “exceptionnellement bas (…) pendant une longue période”. Ce taux est maintenu dans une fourchette de 0 à 0,25% depuis décembre 2008.
“Ces modifications ne devraient pas aboutir à des conditions financières plus tendues pour les ménages et les entreprises, et ne signalent pas de changement dans les perspectives pour l’économie ou la politique monétaire”, a insisté la banque centrale.
La décision d’abaisser le taux d’escompte (d’un demi-point à 5,75%) avait été l’une des premières mesures de la Fed contre la crise financière, dès août 2007.