« Nous sommes déterminés à la TACC, à multiplier
pareilles actions et à les diversifier. Nous estimons, et nous ne sommes
d’ailleurs pas les seuls à le penser, que le marché américain peut être très
porteur dès le moment où nous maîtrisons son approche. La Tunisie en tant que
pont entre l’Europe, le Maghreb et l’Afrique décèle également des ressources
indiscutables que ce soit au niveau du potentiel humain ou des réglementations
pour les investisseurs potentiels américains. Nos actions seront orientées par
secteur d’activités et entreprises dans un but précis, celui de promouvoir la
Tunisie en tant que site d’investissement et de partenariat. Les secteurs
prioritaires sont aujourd’hui les IT, les composantes automobiles et
aérospatiales, l’industrie pharmaceutique, l’éducation et la R&D, les énergies
renouvelables et d’autres liés aux infrastructures. Nous allons travailler à
leur développement et nous invitons les entrepreneurs tunisiens intéressés à se
joindre à nous pour lancer des partenariats avec des opérateurs US » a assuré
Nazeh Ben Ammar, président de la Chambre de Commerce tuniso-américaine.
Plus de 30 rencontres B to B ont été organisées en ce lundi 16 février par la
TACC entre la délégation américaine et des opérateurs tunisiens ainsi que des
représentants d’établissements publics. En l’espace de presque une journée,
c’est très consistant pour si peu de temps.
Cette mission de prospection arrive à un moment où les Etats-Unis traversent la
crise économique la plus grave depuis leur création mais aussi à un moment où la
Tunisie confirme de plus en plus sa dimension maghrébine et africaine par la
mise en place d’une série d’actions visant une plus grande présence de ses
opérateurs dans les pays voisins mais aussi en Afrique subsaharienne et
confirmant l’importance de son positionnement géostratégique en Afrique mais
aussi pour l’Europe. Et c’est d’ailleurs ce qui intéresse les opérateurs privés
US.
La Tunisie : une Gateway
Ainsi pour Kevin W. Massengill, Vice Président et Directeur Régional, pour le
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Raytheon Company*, entreprise spécialisée
dans la défense et la sécurité intérieure, la Tunisie représente une porte
d’accès (Gateway) aussi bien pour le Maghreb que pour l’Afrique subsaharienne.
Sa main d’œuvre est qualifiée, compétente et relativement moins coûteuse que la
main d’œuvre européenne ce qui représente un argument incitatif important.
Raytheon Company étudie les opportunités visant à délocaliser certaines de ses
activités, elle est également implantée dans nombre de pays au monde dont l’Egypte
pour la région arabe. Elle compte étudier les spécificités et les besoins du
marché tunisien avant d’avancer une offre ou de proposer des partenariats. Lors
de son passage à Tunis, le vice-président Massengill a eu des entretiens avec
des représentants du ministère de la Défense et d’autres au ministère du
Transport.
Pour les Américains, la Tunisie serait le pays le plus occidentalisé du
Maghreb
et à ce titre, il représente le site idéal pour des implantations possibles ou
des investissements potentiels. C’est également le cas de Justin Rathke,
Directeur des programmes et du développement de « Capstone Turbine Corporation
», qui le dit clairement : « Pour nous, la Tunisie représente le pays maghrébin
qui offre le plus de similitudes avec les pays européens sur lesquels nous
opérons, celui où les pratiques et les milieux des affaires ressemblent le plus
aux nôtres et c’est pour cela qu’il nous intéresse ». Pour lui, les barrières
tarifaires ne constituent pas un frein pour le développement des affaires ou
pour des partenariats potentiels. La compagnie, qui opère dans le secteur
énergétique, propose des technologies de pointe dans les domaines des énergies
classiques et renouvelables. Son passage à Tunis a été une occasion pour
rencontrer des responsables de la STEG ainsi que des opérateurs privés. Capstone
est leader mondial dans les solutions d’économie de l’énergie grâce aux
micro-turbines adaptables à toutes les formes d’énergies.
La réactivité américaine déjà reconnue à l’échelle planétaire et la tendance des
opérateurs privés US à ne négliger aucun marché et à profiter de toute nouvelle
opportunité n’a jamais fait de doute. Pour preuve, les mégaprojets projetés en
Tunisie, ne laissent pas indifférent un opérateur aussi important que Wall Ties
& Forms représenté par Jay Middleton, son directeur International des Ventes.
L’entreprise de construction est spécialisée dans les gros œuvre : « Ce que nous
venons faire en Tunisie ? C’est offrir aux professionnels du bâtiment les
technologies adéquates destinées à toutes les qualités de bétonnages et de
fondations pour toutes les catégories d’édifices, modestes ou beaucoup plus
important, le but est qu’ils puissent, grâce à cela, répondre à tous les
critères exigés par les promoteurs des mégaprojets ».
Le marché tunisien pourrait donc être intéressant malgré son exigüité et pas
seulement pour les secteurs des bâtiments ou de l’énergie mais également et bien
évidemment pour les opérateurs de la téléphonie mobile et c’est Marleine Davis
qui vient en éclaireur pour le compte de Motorala : « Nous sommes ici surtout en
prospection pour identifier les moyens de développer encore plus nos parts de
marchés. Les ressources humaines, la capacité d’assimiler les nouvelles
technologies, l’éducation et la qualité de l’enseignement en Tunisie plaident en
faveur de la mise en place d’une plateforme qui nous permettrait de conquérir
des parts de marchés en Afrique et en Europe ». Pour cette américaine d’origine
libanaise, transparence, bonne gouvernance, réglementations claires, lois
incitatives, intégrité et absence de corruption sont des facteurs d’attractivité
importants pour les investisseurs américains. La compagnie est déjà implantée en
Egypte, à Dubaï, au Maroc et Koweït. La Tunisie pourrait servir comme base
arrière pour pénétrer des marchés tels l’Algérie vu les relations privilégiées
qu’elles entretient avec son voisin. Motorala suit des stratégies de
développement qui lui permettent de s’adapter aux marchés dans leur diversité et
dans le respect de leurs différences, par contre, elle forme les expertises
conformément à son profil et à ses besoins. Madame Davis a eu l’occasion de
rencontrer des opérateurs privés dans la téléphonie et des représentants des
télécoms dans notre pays.
Une délégation américaine de haut niveau composée de représentants de grandes
compagnies leader chacune dans son secteur d’activité. Personne ne doute de la
réactivité et du dynamisme des opérateurs privés américains, mais ce qui fait la
force de l’Amérique est surtout la réactivité de son administration qui réagit
et agit comme les privés, suit, soutien et assiste la classe des affaires
américaine partout où elle se déplace, n’épargnant ni d’efforts ni de moyens
pour l’aider dans ses ambitions de conquête. De sa sécurité commerciale dépends
sa sécurité nationale, c’est le leitmotiv des States. Espérons que notre
Administration suivra ses troupes dans la conquête du marché américain toujours
considéré comme étant le plus important dans le monde.
Quand à la TACC, eh bien elle compte s’attaquer au développement des échanges
touristiques entre les USA et la Tunisie. Avec Slim Tlatli à la tête du
ministère du Tourisme, nul doute que la réactivité et l’assistance des
départements concernés seront de la partie. Un dossier a d’ores et déjà été
déposé au ministère du Tourisme dans ce sens, espérons que la réplique sera
rapide et comme on dit à cœur vaillant, rien n’est impossible.