Grève Total : pas de pénurie à court terme, la direction tente d’apaiser les salariés

[20/02/2010 08:07:49] PARIS (AFP)

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évrier 2010 à Herouville-Saint-Clair (Photo : Kenzo Tribouillard)

L’arrêt progressif des raffineries Total va continuer ce week-end dans le cadre d’une grève illimitée, sans de carburant à court terme, tandis que la direction a assuré que seule la raffinerie de Dunkerque était menacée de fermeture.

“Si nous devions arrêter cette activité, nous nous sommes engagés à maintenir le site en activité et à reclasser les salariés sans aucun licenciement”, a déclaré au JDD Christophe de Margerie, PDG de Total, qui n’a “aucun projet de fermeture ou de cession de nos cinq autres raffineries en France”.

“Nous traiterions, aussi, la question des entreprises sous-traitantes qui représentent quelque 260 emplois à temps plein”, a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, avait demandé à M. de Margerie, qu’il recevra dimanche, de “rassurer très rapidement les salariés”.

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és de la raffinerie Total de Gonfreville l’Orcher (ouest) le 19 février 2010. (Photo : Kenzo Tribouillard)

“A ce stade, il n’y a pas de risque de pénurie” de carburant, a par ailleurs indiqué Total, alors que “les manoeuvres d’arrêt des raffineries sont enclenchées” depuis vendredi matin.

Pour arrêter les raffineries, “on n’appuie pas sur un bouton: les salariés demandent la procédure d’arrêt et respectent des consignes de sécurité”, a expliqué la CFDT, à l’initiative du mouvement national depuis mercredi avec la CGT, FO et Sud.

Les syndicats ont évoqué des arrêts complets dès lundi soir à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) ou mardi matin à celle de Grandpuits (Seine-et-Marne).

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Carte de France indiquant la production des 12 raffineries en 2009

Le “risque de pénurie” n’est “vraiment pas un argument qu’il faut utiliser”, a affirmé de son côté la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, alors que la CGT a évoqué un début de pénurie “au bout de cinq jours d’arrêt”.

D’après l’Union française des industries pétrolières (Ufip), les stocks de carburants représentent entre 10 et 20 jours de consommation et il faut “que les automobilistes aient un comportement normal, ils trouveront du carburant sur la route”.

Total assure environ la moitié de l’approvisionnement des stations-service françaises.

Mais la CGT d’Exxonmobil vient d’appeler les salariés des deux raffineries du groupe, à Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), à la grève à partir de mardi contre le même “désengagement” du raffinage.

Total veut “adapter son outil industriel non seulement en France mais aussi en Europe”, jugeant devoir “accompagner la baisse de la consommation et son évolution vers des produits pétroliers plus respectueux de l’environnement”.

Les salariés ont voté jeudi en assemblées générales une “grève illimitée” et l’arrêt total de certaines unités dans les six raffineries françaises du groupe: Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime), Donges, Grandpuits, Feyzin (Rhône), La Mède (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord).

Le devenir de ce dernier site, à l’origine du conflit national, sera précisé lors d’un comité central d’entreprise le 29 mars. Total a répété qu’il garantirait à ses 370 salariés en grève depuis déjà un mois “un emploi” dans le groupe “correspondant à ses compétences” et qu’il ferait “preuve de responsabilité à l’égard du port de Dunkerque et des entreprises sous-traitantes”, qui emploient quelque 400 à 450 salariés.

La CFDT a déploré “l’attente inhumaine” infligée aux salariés de ce site, qui occupent ses locaux administratifs depuis mardi.

Le conflit s’est de nouveau teinté de politique: après l’appel du MoDem régional au boycottage des stations Total, le NPA a réclamé l'”expropriation” de la société.