[23/02/2010 14:05:05] PARIS (AFP)
ésident PS de la commission des Finances Didier Migaud, le le 15 avril 2009, à l’Hôtel de Lassay à Paris (Photo : Patrick Kovarik) |
Le socialiste , actuel président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, va succéder à Philippe Séguin à la tête de la Cour des comptes, où il incarnera la poursuite de la stratégie d’ouverture du chef de l’Etat.
Didier Migaud a souligné combien il serait “difficile de succéder à Philippe Séguin”, en affirmant mesurer “l’importance et la sensibilité de cette fonction”.
“Je veux avoir une pensée très émue pour Philippe Séguin pour qui j?avais respect, considération et sympathie. Je sais combien il sera difficile de lui succéder”, a réagi l’actuel président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, nommé mardi en Conseil des ministres Premier président de la Cour des comptes.
“Je mesure l?honneur qui m?est fait ainsi que l?importance et la sensibilité de cette fonction. La Cour des comptes est une institution ancienne aussi prestigieuse qu?indispensable dans notre République”, a aussi affirmé Didier Migaud, cité dans un communiqué de la Cour des comptes.
Sa nomination a été confirmée mardi à l’issue du Conseil des ministres par la ministre de l’Economie Christine Lagarde.
Jusqu’au dernier moment, la succession du gaulliste Philippe Séguin, décédé le 7 janvier dernier, avait alimenté les rumeurs.
Si le nom du député PS de l’Isère s’était précisé lundi, d’autres candidats étaient pressentis: parmi eux, Claire Bazy-Malaurie, présidente de chambre à la Cour des comptes, qui aurait incarné la continuité, l’ex-ministre des Affaires européennes, Alain Lamassoure, ou encore la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac.
Le choix de M. Migaud incarne la volonté de Nicolas Sarkozy de poursuivre l’ouverture à gauche, et intervient en pleine campagne pour les régionales, alors que les sondages sont sombres pour la majorité présidentielle.
“Cette nomination constitue un choix historique”, a réagi Luc Chatel, porte-parole du gouvernement.
“C’est un bel exemple que donne la France”, a renchéri le ministre de l’Immigration Eric Besson (ex-PS).
A l’Assemblée, Didier Migaud avait déjà hérité de la commission des Finances en 2007 en vertu d’une promesse de campagne du président selon laquelle ce poste devait revenir à l’opposition.
ôté du président de la Commission Didier Migaud, devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, le 23 septembre 2008 à Paris (Photo : Pierre Verdy) |
Il y a peu, le chef de l’Etat lui avait rendu un hommage public, le qualifiant même d’un “mon ami” remarqué.
A 57 ans, Didier Migaud n’a jamais été avare de critiques envers la politique du gouvernement Sarkozy. Il a ainsi été à l’origine d’une offensive anti-Tepa, la loi de l’été 2007, critiquant la détaxation des heures supplémentaires et le coût du bouclier fiscal.
Mais il a aussi montré qu’il pouvait travailler en bonne intelligence avec la droite, faisant par exemple cause commune dans la lutte contre l’évasion fiscale.
Inamovible, il devrait en principe rester à la tête de la Cour des comptes jusqu’à l’âge de 69 ans.
“Père” de la Lolf (loi organique, nouvelle architecture des lois de finances) avec le sénateur UMP Alain Lambert, ce fabiusien est un fin connaisseur des rouages budgétaires. Or il devra se pencher sur des finances publiques exsangues.
Avant lui, le tonitruant et charismatique Philippe Séguin, qui se voulait le “poil à gratter” de l’Etat, ne s’est jamais privé de critiquer la gestion de ses amis au pouvoir, quitte à susciter la polémique.
Il avait ainsi épinglé deux des principales promesses de campagne de Nicolas Sarkozy, la baisse de la TVA dans la restauration ou le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, jugées trop coûteuses ou inefficaces.
Cela ne l’avait pas empêché d’obtenir du chef de l’Etat que la Cour contrôle la gestion de l’Elysée, une première dans son histoire.
Le député PS Jack Lang a félicité mardi Didier Migaud pour son “heureuse nomination” avant même que celle-ci ne soit rendue publique, y voyant un “geste fort d’ouverture intellectuelle et politique” qui à sa connaissance, “ne comporte, en ce domaine, aucun précédent”.
A l’UMP, certains se sont émus d’une “manoeuvre politique”, à l’instar du villepiniste François Goulard, qui craint une “instrumentalisation de la Cour des comptes”.
“A force d’ouvrir les fenêtres, on va attraper des courants d’air”, a aussi réagi le villepiniste Jacques Le Guen.