Total : sous pression de l’Elysée, la direction tente de convaincre les syndicats d’arrêter la grève

[23/02/2010 15:46:06] PARIS (AFP)

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és de Total devant la raffinerie de Dunkerque le 23 février 2010 (Photo : Philippe Huguen)

Sous la pression de l’Elysée, Total tente de convaincre mardi les syndicats de mettre fin à la grève dans les raffineries, alors que la France ne dispose que de sept à dix jours de stocks de carburant pour écarter le risque d’une pénurie.

Au septième jour de grève dans les six raffineries du groupe qui alimente la moitié des stations-service du pays, le ministre de l’Energie Jean-Louis Borloo s’est voulu rassurant mardi: “Il n’y a aucun risque de pénurie, il faut garder son calme, nous avons une dizaine de jours de sécurité”.

Selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip), la France dispose de 7 à 10 jours de réserves de produits raffinés.

La CGT d’ExxonMobil a appelé les salariés de Port-Jérôme (Seine-Maritime) et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) à 24 heures de grève à partir de mardi après-midi.

A moins de trois semaines des élections régionales, le directeur général du groupe Total Christophe de Margerie, sitôt rentré de New-York, a été reçu mardi matin par le président de la République.

La veille, en son absence, c’est Thierry Desmarest, l’ancien patron de Total et actuel président du conseil d’administration qui s’était rendu à l’Elysée, au lendemain de négociations avortées entre direction et syndicats.

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évrier 2010 à l’issue d’une rencontre avec le ministère de l’Industrie à Paris (Photo : Francois Guillot)

Ces derniers discutent de nouveau ce matin au siège de Total à La Défense (Hauts-de-Seine), le fait d’avoir avancé au 8 mars la date d’un comité central d’entreprise sur l’avenir du site de Dunkerque et de la branche raffinage n’ayant pas suffi pour suspendre la grève.

Dans les raffineries françaises de Total, des assemblées générales se dérouleront à la mi-journée et se prononceront sur la suite à donner au mouvement, alors que plus d’une centaine de stations-service ont connu la ville des ruptures d’approvisionnement.

“Nous ne signerons un relevé de fin de conflit que s’il est approuvé par les personnels en assemblée générale”, a prévenu lundi Charles Foulard, le coordonnateur CGT pour le groupe.

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élégué CGT le 21 février 2010 à la Défense (Photo : Fred Dufour)

Juste avant la réunion à La Défense, Philippe Wullens, délégué Sud, syndicat majoritaire à la raffinerie de Dunkerque, qui emploie 370 salariés et environ 400 sous-traitants, a averti que les grévistes iraient “jusqu’au bout”.

“On est là pour faire bouger Goliath contre David (…) la priorité, c’est de redémarrer nos unités et de repartir pour cinq ans”, a-t-il souligné.

Alors que la raffinerie des Flandres, arrêtée depuis septembre, est menacée de fermeture et que Total met en avant des surcapacités de raffinage face à une consommation en baisse, les syndicats redoutent un désengagement progressif du groupe en France et réclament des garanties sur plusieurs années.

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évrier 2010 à Dunkerque (Photo : Denis Charlet)

En mars dernier, Total avait annoncé la suppression de 268 emplois, sans licenciement, à la raffinerie de Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime) et la réduction du volume produit sur ce site.

Début février, Jean-Louis Schilansky, le président de l’Ufip a qualifié la situation du raffinage en Europe de “critique”, et estimé que 10 à 15% des 114 raffineries européennes devrait fermer pour rétablir l’équilibre.

Selon l’Ufip, en 10 ans, la demande de produits pétroliers a baissé de 8,9% en France.

Toutefois, selon des chiffres fournis par Total, la France importe environ 10 millions de tonnes de gazole, mais doit exporter quelque 5 millions de tonnes d’essence excédentaires.

Sur le terrain, les salariés craignent que d’autres raffineries du groupe soient sur la sellette. “Si on ne se bat pas, dans vingt ans on visitera des musées sur les sites de production,” a déclaré à l’AFP David Faure, secrétaire CFDT du comité d’entreprise de Feyzin (Rhône).