Madère veut rassurer les touristes pour éviter la catastrophe économique

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ço, le 9 avril 2008 à Funchal, la capitale de l’iîle portugaise de Madère (Photo : Miguel Silva)

[23/02/2010 12:51:07] FUNCHAL (Portugal) (AFP) Malgré l’ampleur des dégâts causés par les intempéries qui ont dévasté l’île, les autorités de Madère multiplient les déclarations rassurantes pour tenter d’éviter une désaffection des touristes, qui serait économiquement dramatique pour la région.

“L’intégralité du calendrier des festivités touristiques sera maintenu et la meilleure manière d’aider Madère est de venir à Madère!”, répète à l’envi la porte-parole du gouvernement régional, Conceiçao Estudante, également secrétaire régionale au tourisme.

Le président du gouvernement régional Alberto Joao Jardim a exclu lundi de décréter “l’état de catastrophe”, qui permettrait notamment de faire jouer les assurances, jugeant que “ce serait une catastrophe de plus”.

“Je ne peux pas détruire une filière dont dépend notre survie”, a-t-il affirmé alors que le tourisme représente 25% du PIB régional.

En 2009, l’archipel, prisé pour l’exceptionnelle douceur de son climat, la luxuriance de ses jardins et la beauté de ses paysages volcaniques, a accueilli plus d’un million de visiteurs, dont 60% d’étrangers, selon les statistiques officielles.

Le week-end dernier, 17.000 touristes se trouvaient sur l’île quand les pluies torrentielles se sont abattues faisant 42 morts parmi lesquels une touriste anglaise.

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île de Madère, le 9 avril 2009 à Funchal, la capitale (Photo : Miguel Silva)

Dès mardi, alors que la capitale Funchal était encore envahie de tonnes de boue et de gravas et que se poursuivaient les recherches pour retrouver les 32 personnes encore portées disparues, le gouvernement régional publiait un communiqué rassurant, affirmant que “les hôtels de Madère n’ont pas été touchés par la tempête et fonctionnent en toute sécurité”.

Dans le même temps, le site officiel du Tourisme de Madère commençait à diffuser des photos prises l’après-midi même dans la “zone hôtelière de Funchal”, montrant des touristes déambulant en chemisette, cartes postales en main, dans une coquette allée bordée de palmiers.

La plupart des grands hôtels de Funchal se trouvent effectivement dans une partie de la ville qui a échappé à la dévastation. Mais de nombreux touristes, hébergés dans le centre historique, ont dû être relogés.

Selon l’employée de l’Office du tourisme de l’aéroport, l’affluence est, en ce début de semaine, “tout à fait normale pour la saison”. “Les gens appellent avant de venir et nous leur disons que tout va bien, que le centre de Funchal a été atteint, mais pas la partie orientale de l’île”, explique-t-elle.

Doug et Jean Powell, un couple de sexagénaires britanniques, ont hésité jusqu’à la dernière minute. “On a réussi à appeler l’hôtel et on nous a dit qu’il n’y avait pas de danger”, raconte Doug.

“J’espère qu’on nous a dit la vérité et qu’on ne restera pas coincés dix jours dans l’hôtel”, lâche-t-il avant de confier avoir pris dans ses bagages “une bonne réserve de livres”.

D’autres, comme Marc et Murielle, deux ingénieurs bruxellois d’une quarantaine d’années, ont pris l’avion sans même avoir pu joindre leur hôtel. “Nous avons décidé de venir quand même, car les assurances ne remboursaient pas, explique Marc. On voulait un peu de chaleur et se balader dans la nature, on espère que ça ne va pas se transformer en tourisme de catastrophe!”.

Selon Antonio Trindade, président du groupe Porto Bay, “pour l’instant, le bilan pour le secteur n’est pas catastrophique”. “Nous avons quelques annulations, mais moins que nous ne le craignions”, a-t-il affirmé à l’AFP, soulignant qu’aucun des cinq hôtels 4 et 5 étoiles du groupe n’a été touché.

Dario Teixeira, qui s’occupe du transfert de touristes de l’aéroport pour le compte d’une agence de voyages, craint toutefois que, “dans une semaine ou deux”, l’activité commence à ralentir. “Mais, pour ma part, je fais tout pour que les touristes ne sachent pas ce qui se passe…”, avoue-t-il.