Total : appels à cesser la grève, les salariés se prononcent mercredi

[23/02/2010 22:25:12] PARIS (AFP)

photo_1266923867144-1-1.jpg
élégué CGT chez Total le 21 février 2010 à la Défense (Photo : Fred Dufour)

A l’issue d’une journée de négociations au siège de Total, la plupart des syndicats ont appelé mardi à cesser la grève dans les raffineries, à l’arrêt depuis une semaine, jugeant “significatives” les garanties obtenues.

Les craintes d’une pénurie de carburants, au septième jour de grève dans les six raffineries de Total, ont pesé lourdement sur les négociations, et ont conduit l’Elysée à prendre directement le dossier en main.

Des assemblées générales de salariés se tiendront mercredi à la mi-journée pour voter ou pas la reprise du travail, a précisé Charles Foulard, coordinateur CGT. Mais pour Dunkerque, Sud, syndicat majoritaire dans ce site, a exclu une reprise de l’activité, en grève depuis plus d’un mois et à l’arrêt depuis septembre.

photo_1266939791700-1-1.jpg
évrier 2010 à l’issue d’une rencontre au ministère de l’Industrie à Paris (Photo : Francois Guillot)

Concernant l’avenir de Dunkerque, qui emploie 380 salariés (outre quelque 400 chez les sous-traitants), un comité central d’entreprise est toujours fixé au 8 mars.

Au niveau national, le groupe pétrolier s’engage à ne procéder à aucune fermeture de raffinerie, en dehors, de celle, éventuelle, de Dunkerque: “au delà du projet d’évolution de l’établissement des Flandres, il n’y aura ni fermeture, ni cession de ses raffineries françaises au cours des cinq prochaines années”, a-t-il précisé dans un communiqué.

Total s’engage à “assurer au sein du groupe la pérennité de l’établissement des Flandres”, mais pas nécessairement avec une activité de raffinage, à participer d’ici fin mars à une table ronde sur le bassin dunkerquois et à garantir un emploi chez Total aux salariés.

photo_1266954651009-1-1.jpg
évistes de la raffinerie Total de Feysin, près de Lyon, votent la reconduction de leur grève le 22 février 2010 (Photo : Philippe Desmazes)

La question des capacités n’est pas évoquée dans le communiqué du groupe, qui précise vouloir maintenir “un outil de raffinage adapté, moderne et compétitif”.

Une table ronde nationale sur l’avenir du raffinage en France, organisée par le gouvernement, doit avoir lieu au deuxième trimestre, a annoncé le ministre de l’Industrie Christian Estrosi.

Ces points faisaient partie des exigences des syndicats, avec le paiement des jours de grève qui sera traité à part.

La CGT d’ExxonMobil, qui appelait aussi à la grève à partir de mardi après-midi dans les deux raffineries françaises du groupe, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Port-Jérôme (Seine-Maritime), a finalement renoncé.

photo_1266954868969-1-1.jpg
ès à la raffinerie d’Exxon Mobil à Port-Jérôme en Seine-Maritime le 23 février 2010 (Photo : Kenzo Tribouillard)

En attendant, les ruptures d’approvisionnement se sont poursuivies, touchant dans la journée quelque 250 stations-service du réseau Elf et Total. Des automobilistes se sont encore précipités dans des stations-service par précaution.

Avant cet accord, Nicolas Sarkozy, avait reçu le directeur général de Total, Christophe de Margerie, après Thierry Desmarest, président du conseil d’administration, lundi.

Selon le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, le chef de l’Etat a demandé à l’industriel des engagements sur “la non fermeture de capacités de raffinage pour les années qui viennent”.

Alors que Total met en avant des surcapacités de raffinage face à une consommation en baisse, les syndicats redoutent un désengagement progressif du groupe en France.

En mars dernier, le groupe pétrolier avait annoncé la suppression de 268 emplois, sans licenciement, à la raffinerie de Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime) et la réduction du volume produit sur ce site.

Début février, l’Ufip a estimé que 10 à 15% des 114 raffineries européennes devrait fermer. En 10 ans, la demande de produits pétroliers a baissé de 8,9% en France.

Selon des chiffres fournis par Total, la France importe environ 10 millions de tonnes de gazole, mais doit exporter quelque 5 millions de tonnes d’essence excédentaires.