Nanotechnologies : un débat national mouvementé s’achève

[24/02/2010 12:51:40] PARIS (AFP)

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élerateur d’électron, le 18 mai 2006, au Minatec, premier centre européen sur les nanotechnologies. (Photo : Jean-Pierre Clatot)

Etiquetage des produits “nanos”, manque de connaissance sur leur toxicité, impact possible sur les libertés…Ces thèmes débattus depuis octobre au cours du débat mouvementé sur les ont été évoqués lors de la réunion de clôture mardi soir.

“Lorsqu’on miniaturise des choses qui existent déjà, il arrive un moment où la différence de niveau peut devenir une différence de nature”, a relevé d’emblée le président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) Alex Türck.

Il a dit redouter une société où faute de voir son intimité préservée, l’homme risque d’être “formaté pour échapper au jugement des autres”.

“Si on peut entendre, voir, communiquer à distance, comment serons-nous sûrs d’être seuls avec quelqu’un ?”, a-t-il interrogé, évoquant “le développement incroyable de la biométrie et de la géolocalisation”.

Dans un premier bilan, Jean Bergougnoux, président de la commission chargée d’organiser cette consultation à la demande de sept ministères, a relevé que plus de 3.200 personnes ont participé aux réunions publiques, ce qui est “à la fois beaucoup et trop peu”. Quelque 150.000 visites ont été enregistrées sur le site web du débat.

Qualifiant “d’atteintes graves à la démocratie”, les actions de l’association grenobloise “Pièces et main d’oeuvre” (PMO) qui empêché la tenue des discussions dans plusieurs villes, il a néanmoins reconnu qu’elle avait posé de “vraies questions”.

“Risquer de tuer les libertés, d’asservir l’homme, de l’endoctriner..ça c’est de vraies questions”, a-t-dit devant la presse juste avant la dernière réunion.

Des militants de PMO avait auparavant jugé que la consultation “n’avait de débat public que le nom”, assurant que les décisions étaient déjà prises.

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écembre 2009 à Grenoble, lors d’un débat de la commission du débat national sur les nanotechnologies (Photo : Jean-Pierre Clatot)

“Ca fait plus de dix ans que les investissements sont décidés” et, de surcroît, le président Sarkozy a lancé en 2009 un plan baptisé “Nano Innov”, a rappelé mardi devant la presse une militante de PMO, ajoutant que les “nanos” risquent de nous enfermer dans un “filet électronique” de surveillance.

Test de grossesse, , pneus, textiles : 800 produits incorporant des nanotechnologies sont déjà présents dans notre environnement.

Les effets sur la santé et l’environnement de structures ou particules dont l’une au moins des dimensions est comprise entre 1 et 100 nanomètres (milliardième de mètre) restent mal connus.

A cette échelle, la matière acquiert des propriétés nouvelles, intéressantes à exploiter, mais qui compliquent toute analyse de toxicité, celle-ci pouvant varier en fonction de la forme des nanotubes ou nanoparticules.

Il y a “unanimité quasiment pour dire que le développement de la toxicologie doit aller plus loin”, a résumé M. Bergougnoux, alors que certains intervenants relevaient la pénurie de toxicologues.

Insistant sur le besoin d’information et de transparence, Josée Cambou (France Nature Environnement) a évoqué les risques pour “les réparateurs en bout de chaîne” qui ne sauront pas si les objets qu’ils manipulent contiennent des nanomatériaux.

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Fiche sur les nanotechnologies

Mais “les problèmes ne se limitent pas aux travailleurs et aux consommateurs, il faut aussi inclure les citoyens”, a-t-elle ajouté.

“C’est dans le futur qu’on pourra faire le bilan bénéfices-risques, aujourd’hui on ne peut rien comparer”, mais “on commercialise”, a-t-elle résumé.

Lancée pour “éclairer les grandes orientation de l’action de l’Etat”, la consultation publique sera suivies d’actions, a assuré la Commissaire générale au développement durable Michèle Pappalardo.

Après avoir reçu d’ici deux mois un compte-rendu des débats, le gouvernement aura trois mois pour dire ce qu’il en fait.

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