Du nouveau dans le monde des affaires : des patrons se privent de bonus

photo_1266999698054-1-1.jpg
éal, Lindsay Owen-Jones, le 11 mai 2005 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

[24/02/2010 08:27:51] PARIS (AFP) Un vent nouveau souffle dans le monde des affaires en France et outre-Manche : des patrons se privent volontairement de bonus, alors que le gros de la crise semble surmonté, selon les premiers résultats annuels publiés.

L’année dernière, de nombreux patrons et banquiers avaient déjà renoncé à leurs primes, mais le contexte était différent : la crise battait son plein, et leurs entreprises enregistraient souvent des résultats en dégringolade, voire de fortes pertes.

L’Oréal, le numéro 1 mondial des cosmétiques, a montré l’exemple, du moins à son plus haut niveau. Le patron mythique du groupe, Lindsay Owen-Jones, a renoncé à tout bonus au titre de l’année 2009. Il aurait pu prétendre à un chèque supplémentaire de 900.000 euros, s’ajoutant à son salaire fixe de 1,5 million d’euros.

Et pour l’année 2010, M. Owen-Jones a souhaité que son salaire fixe soit diminué à 1 million d’euros, et que le bonus soit supprimé.

En France, le PDG de la Société Générale, Frédéric Oudéa, a annoncé qu’il renonçait à son bonus, aux actions gratuites et aux stocks-options au titre de l’année 2009. Il est vrai que le bénéfice de sa banque a été divisé par 3 à 676 millions d’euros.

Au Crédit Agricole, aucun bonus n’est versé au président du conseil d’administration René Carron.

photo_1266999759979-1-1.jpg
été Générale, Frédéric Oudéa, le 18 février 2010 à La Défense (Photo : Eric Piermont)

Chez BNP Paribas, aucune décision n’a encore été prise par le Comité des rémunérations concernant les deux têtes de la banque, Michel Pébéreau, président, et Baudouin Prot, directeur général.

Mais leur prime n’excédera pas 80% du salaire fixe pour M. Pébereau et 150% du salaire fixe pour M. Prot, soit respectivement 420.000 euros et 1,425 million d’euros, selon les règles internes à la banque. En 2008, ces deux patrons avaient renoncé à leur bonus.

Outre-Manche, les patrons des grandes banques britanniques RBS (Royal Bank of Scotland) et LBG (Lloyds Banking Group), en partie nationalisées, viennent d’indiquer qu’ils renonçaient par avance à leurs bonus, alors que leurs établissements devraient annoncer cette semaine des pertes.

Ainsi, les directeurs généraux des deux groupes, Stephen Hester et Eric Daniels, ont renoncé à leurs bonus qui s’élevaient à 1,81 million et 2,61 millions d’euros respectivement.

Ils étaient moralement contraints de suivre l’exemple de leurs collègues de la banque rivale Barclays qui ne toucheront aucune prime en 2009, alors même que leur groupe annonçait un bond de ses profits, sans avoir reçu d’aide publique.

Ces annonces ont été bien accueillies dans le monde financier britannique.

photo_1266999869734-1-1.jpg
à la bourse de New York le 31 décembre 2009 (Photo : Don Emmert)

Selon le cabinet indépendant de conseil aux actionnaires PIRC, “la décision des responsables des deux banques dépendantes de l’aide de l’Etat de faire preuve d’une telle retenue est la bonne chose à faire, et doit être saluée”, même si “elle ne met pas fin à la question des bonus”.

Les banques, qu’elles soient françaises ou étrangères, continuent en effet à verser de généreux bonus à leurs traders, en avançant à chaque fois le même argument : si elles ne le font pas, les traders quittent la banque et vont ailleurs. Et si ces traders, considérés souvent comme indispensables à la bonne marche des affaires, quittent la banque, cela signifie qu’il y aura moins de bénéfices in fine.

Ce vent vertueux est moins sensible aux Etats-Unis : deux PDG de grandes banques américaines ont touché récemment des bonus de plusieurs millions de dollars.

Le PDG de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a reçu pour 2009 une prime de quelque 16,5 millions de dollars (12,1 millions d’euros) en options et actions, tandis que son homologue de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, en a touché pour 9 millions (6,6 millions d’euros). C’est nettement moins, toutefois, qu’en 2008, où il avait encaissé un chèque de 67 millions de dollars.