[24/02/2010 18:37:18] PALMA DE MAJORQUE (AFP)
éfense Carme Chacon lors d’une réunion des ministres européens de la Défense, le 24 février 2010 à Palma de Majorque (Photo : Jaime Reina) |
Programme clé pour l’Europe de la défense et l’industrie aéronautique européenne, l’avion de transport militaire Airbus A400M a été remis sur les rails mercredi avec l’accord de principe passé entre les sept pays clients et le constructeur EADS pour s’en répartir les surcoûts, selon l’Espagne.
“Je peux vous annoncer avec une grande satisfaction que nous sommes arrivés à un accord de principe entre les sept pays partenaires et l’industriel, EADS”, a déclaré la ministre espagnole de la Défense Carme Chacon à son arrivée à une réunion avec ses homomogues européens tenue jusqu’à jeudi à Palma de Majorque.
Interrogé à Paris, EADS a déclaré ne pas être en mesure de commenter immédiatement ces informations.
Les pays concernés (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume Uni, Turquie) ont commandé un total de 180 appareils, pour 20 milliards d’euros. Mais le programme lancé en 2003 a pris au moins trois ans de retard et EADS doit faire face à des dépassements de coût de quelque 5,2 milliards d’euros.
D’où de difficiles négociations ces derniers mois sur le partage du financement supplémentaire entre les Etats clients et le constructeur européen, dont certains comme la France (15%) sont par ailleurs actionnaires.
Sur les 5,2 milliards d’euros de surcoût, les Etats clients ont proposé d’apporter 2 milliards d’euros par le jeu de hausses du prix des avions à l’unité assorties d’une réduction du nombre d’appareils livrés, ainsi que d’un échelonnement des standards techniques, plus jusqu’à 1,5 milliard sous forme d’avances.
Restaient 900 millions d’euros à la charge d’EADS, qui avait déjà accepté d’en supporter 800.
à l’atterrissage le 11 décembre 2009 à Séville, en Espagne (Photo : Bertrand Guay) |
Mme Chacon s’est toutefois refusée à préciser les termes de l’accord, indiquant que “quelques détails techniques encore ouverts” seraient discutés et “pourraient être concrétisés” jeudi matin à Palma entre les ministres concernés, un représentant de la Turquie se joignant à eux pour l’occasion.
Des hauts fonctionnaires des pays concernés mettraient ensuite la dernière main au projet d’accord.
“L’avion était déjà en lui-même un succès, c’est aujourd’hui un succès pour toute l’industrie européenne”, a-t-elle estimé.
L’enjeu est particulièrement important pour l’Espagne, siège d’Airbus Military, la filiale spécialisée chargée de mener le programme A400M.
Mais il est surtout vital pour des Européens dont les armées souffrent depuis des années d’une insuffisante capacité de transport aérien alors que s’accentue le caractère expéditionnaire de leurs opérations.
L’Allemagne et la France, comme leurs cinq partenaires, dépendent de flottes hétéroclites et parfois usées jusqu’à la corde.
L’appareil, un quadriturbopropulseur qui a fait son premier vol à Séville (sud de l’Espagne) le 11 décembre, est conçu pour atterrir et décoller sur des pistes relativement courtes et rustiques, comme en offrent souvent les théâtres d’opération lointains.
L’A400 M est aussi un programme structurant pour la coopération européenne dans la défense, appelée à se renforcer après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. L’idée d’une flotte mutualisée, mise à la disposition des pays européens, fait partie des projets caressés par Paris.
Enfin, pour EADS, il est vital d’affirmer ses compétences dans le secteur de la défense, face à ses concurrents d’outre-Atlantique.
L’annonce de cet accord de principe intervient à point nommé après les vives critiques formulées mardi par le secrétaire américain à la Défense Robert Gates sur la “démilitarisation” voire l’antimilitarisme dont souffrent à son avis les alliés européens des Etats-Unis.