Chute sans précédent du commerce mondial depuis 1945

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énéral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy, le 23 février 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[24/02/2010 17:26:03] BRUXELLES (AFP) Le commerce mondial a enregistré l’an dernier un recul sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison de la crise, de 12%, et l’année 2010 s’annonce médiocre avec déjà des signes inquiétants pour la reprise économique espérée.

“Le commerce mondial a été aussi victime de la crise et s’est contracté de 12% en volume en 2009”, a indiqué le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy, lors d’une conférence organisée par un centre de réflexion européen à Bruxelles, le European Policy Center.

“Il s’agit de son repli le plus fort depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale”, a-t-il ajouté.

Cette baisse est aussi supérieure aux plus récentes prévisions de l’OMC, qui tablait début décembre sur un repli de 10%.

Elle est une conséquence de la récession mondiale très importante qui a affecté la planète l’année dernière suite à la crise bancaire et financière.

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à 2002 du commerce mondial

L’activité économique mondiale a reculé l’an dernier “d’environ 2,2%” et le nombre de chômeurs a atteint un niveau sans précédent de 200 millions de personnes, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), a souligné M. Lamy.

Globalement, l’OIT estime que la crise a fait perdre leur emploi à 20 millions de personnes dans le monde depuis octobre 2008.

Selon M. Lamy, la chute brutale des échanges commerciaux s’explique principalement par un repli de la demande des plus grandes économies, ainsi que par une raréfaction des prêts bancaires pour financer les transactions commerciales.

“Dans une moindre mesure, l’augmentation de droits de douane ou des subventions” pour protéger les marchés nationaux ont pesé, a estimé le directeur général de l’OMC.

Cette situation, qui menace d’exacerber les réflexes protectionnistes, rend aux yeux de M. Lamy d’autant plus impératif de relancer les négociations dites du cycle de Doha sur la libéralisation des échanges mondiaux.

Il est “économiquement impératif de les conclure” cette année, a-t-il dit.

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énéraux de l’Organisation mondiale du Commerce, le 20 mars 2007 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Les négociations sont au point mort depuis des mois et pâtissent de l’absence notoire d’implication des Etats-Unis.

Ce cycle de négociations a débuté en 2001 et a mis l’accent sur le démantèlement des obstacles au commerce pour les pays pauvres. Mais les échéances fixées pour conclure les pourparlers ont été manquées à plusieurs reprises.

Des progrès sur ce volet pourraient à ses yeux aider à redonner confiance alors que l’année en cours s’annonce encore difficile sur le plan économique, avec une croissance mondiale molle attendue.

Les espoirs de reprise soutenue ont fait long feu. Les derniers signaux montrent qu’elle menace de s’essouffler déjà en Europe et aux Etats-Unis notamment.

Mardi, coup sur coup, l’indice de confiance des consommateurs aux Etats-Unis a enregistré un repli bien plus prononcé qu’attendu, et le moral des industriels en Allemagne a enregistré une baisse inattendue, la première depuis dix mois.

En outre, en France, l’un des principaux moteurs de l’activité, la consommation des ménages, s’est nettement repliée en janvier.

Au sein de l’Union européenne, première puissance commerciale mondiale, l’inquiétude est particulièrement vive. La reprise en zone euro “semble avoir calé”, a estimé mardi le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King.

La zone euro n’a enregistré une croissance de son Produit intérieur brut (PIB) que de 0,1% au dernier trimestre 2009.

Elle traverse en outre l’une des phases les plus difficiles de sa jeune histoire avec la crise budgétaire de la Grèce, et les inquiétudes pesant dans le même domaine sur la santé des économies espagnole et portugaise.