évrier 2010. (Photo : Loic Venance) |
[25/02/2010 16:13:55] ROME (AFP) La condamnation mercredi à Milan de trois dirigeants de Google à six mois de prison avec sursis pour la diffusion d’une vidéo montrant des brimades sur un adolescent handicapé, constitue “un moment-clé” qui à terme pourrait signer “la mort d’internet”, estime Amar Lakel, expert en communication publique et numérique.
Q. Quel peut être l’impact de la condamnation des dirigeants de Google ?
R. Il s’agit d’un événement essentiel, d’un moment-clé lourd de conséquences. Si cette condamnation était confirmée en appel et en cassation, et cette jurisprudence appliquée à l’échelle européenne, cela signifierait la mort d’internet. Car elle imposerait un contrôle en amont de tous les contenus, en contradiction avec le principe même d’internet, qui est de permettre à toute la population du monde d’émettre des contenus.
La condamnation est la première manifestation de la rupture d’un consensus sur le fait que l’hébergeur ne peut être responsable a priori. Jusqu’ici, il ne pouvait être condamné que si, une fois alerté sur la présence d’un site nazi ou pédophile par exemple, il n’avait manifestement rien fait pour l’empêcher.
Q. La question de la régulation des contenus sur le net est récurrente ?
R. Dès le début d’internet, en 1996/1997, s’est posée la question de la régulation des contenus. Avec deux approches qui s’opposent. D’un côté, les pro-internet pour lesquels le principe même du net est de démocratiser l’émission de l’information. Et de l’autre, les conservateurs qui veulent faire disparaître d’internet cette dimension innovante, estimant qu’un outil qui a une telle audience doit respecter les règles déontologiques et professionnelles qui s’imposent dans les médias.
Ils veulent imposer à l’hébergeur d’avoir un contrôle a priori, ce qui est d’ailleurs impossible financièrement et techniquement.
Q. Quel est aujourd’hui le rapport de forces entre ces deux approches ?
R. Le rapport de forces est aujourd’hui largement favorable aux pro-internet, notamment pour des raisons économiques. Et des groupes comme Google et Yahoo sont parfaitement organisés pour riposter. Cela dit, il y a une vague conservatrice qui plaide pour un contrôle a priori des contenus et gagne du terrain, notamment en France et en Italie, où les déclarations des dirigeants politiques vont dans le sens d’un plus grand contrôle en amont.