Tunisie – Economie : Crise, la Tunisie tient bon

Tunisie – Economie: Crise, la Tunisie tient bon

A cause des dégâts collatéraux de l’industrie financière internationale, de la
bulle spéculative, symbole euphorique du délire boursier des principales places
marchandes du monde et de la récession qui a frappé les pays de l’UE, la
Tunisie, impactée négativement en raison de l’affaiblissement de la consommation
chez ses partenaires du nord (76% des exportations tunisiennes sont destinées à
l’UE), a vu la croissance totale de ses exportations chuter de 12% en 2007 à 1%
en 2008 en prix constants et à -22% (à prix courant) dans la première moitié de
2009.

D’après les sources du ministère du Développement et de la Coopération
internationale, les secteurs du textile, de l’habillement et des composants
automobiles, représentant environ 60% de l’ensemble du commerce extérieur avec
Bruxelles, sont les plus touchés, en raison de la baisse drastique des bons de
commande en provenance des pays européens.

Le tourisme, une activité liée organiquement à la demande extérieure et à la
conjoncture économique mondiale, semble enregistrer, dans notre pays, depuis le
déclenchement de la crise d’une finance occidentale folle, un fléchissement du
nombre des touristes venant de l’UE, une réduction palpable des nuitées dans les
établissements hôteliers et un bradage des prix, nuisible, à moyen et long
terme, assurent les professionnels du secteur, au positionnement qualitatif de
la Tunisie sur le marché méditerranéen, cible traditionnel de l’industrie des
loisirs, où nos concurrents traditionnels -Maroc, Egypte…-, s’ingénient pour
sanctuariser la clientèle haut de gamme. Cela dit, les flux algériens et libyens
continuent à marquer positivement les saisons estivales, de Sousse à Djerba, de
Nabeul à Tabarka, à ‘’maghrébiser’’ le mental des hôteliers tunisiens, habitués,
depuis des décennies, aux codes du Nord et à conditionner la compétitivité et
l’attractivité du site Tunisie à l’échelle régionale.

L’environnement des affaires, notre talon d’Achille !!

La Tunisie s’est constamment positionnée, durant la dernière décennie, au dessus
de sa catégorie de revenu et de la moyenne des pays de la région MENA sur la
plupart des aspects de classification de gouvernance comparative et indices de
développement (36ème sur l’Indice de compétitivité mondiale). Elle se place au
69ème rang sur les indicateurs de Doing Business 2010, marquant ainsi une nette
amélioration par rapport à 2009 quand elle se classait 73ème et 81ème en 2008.
D’après le dernier rapport de la Banque mondiale, notre pays est en avance en
termes d’efficacité gouvernementale, de qualité réglementaire, de contrôle de la
corruption et de la primauté du droit, mais a encore du chemin à parcourir pour
le renforcement de l’environnement des affaires, la consolidation du domaine de
la responsabilisation et l’allègement du poids de l’Etat dans les rouages
économiques.

Dans les indicateurs de gouvernance dans le monde du WBI, les pays d’Afrique du
Nord et du Moyen-Orient, y compris la Tunisie, d’après le dernier rapport
régional sur le développement du secteur privé, sont en deçà des critères de
transparence et des normes internationales, susceptibles de favoriser une saine
compétitivité entre les différents acteurs de la scène économique.

Fondé sur le privilège, le clientélisme et l’application inégale des règles du
jeu, l’environnement des affaires, insistent les experts de la Banque mondiale,
devient délétère, entrave la croissance, met fin à l’émulation, condition sine
qua non à la dynamisation des échanges et fait souvent obstacle à
l’investissement domestique privé, ce qui est de nature à freiner la création
d’emplois, objectif stratégique de toute politique publique, soucieuse de
préserver la cohésion sociale et de répondre aux attentes des citoyens.

Le pays tient bon

La résilience de l’économie tunisienne est confirmée par la récente consultation
du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de son article IV. Après
avoir fortement décéléré de 4,5% en 2008 à 1,3% au cours du premier trimestre
2009, la croissance est remontée, pendant le second trimestre de l’année
dernière, à 2,5% grâce à la revitalisation du secteur minier et énergétique, qui
a réussi, avec le concours des services, en plein essor depuis une décade, à
pallier à l’insuffisance de la demande externe. D’ailleurs, en 2008, nous dit M.
Abdelhamid Triki, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Développement et de la
Coopération internationale, lors de la journée d’information sur le cadre de
partenariat stratégique entre la Tunisie et la banque mondiale, le cadre
macroéconomique a été assez solide avec un déficit budgétaire modeste (-1,2%),
une faible inflation (3%), une dette publique à hauteur de 47% en 2008 contre
58% en 2005 et un niveau sain de réserves en devises, l’équivalent de cinq mois
d’importations.

De plus, insiste-t-il, le secteur financier du pays, partiellement intégré aux
circuits internationaux, a permis d’échapper à la bourrasque boursière des
principales places marchandes de la planète, favorisé la gestion des réserves
étrangères avec prudence, en présence d’un dinar tunisien non convertible pour
la plupart des transactions de compte de capital, ce qui a donné aux pouvoirs
publics de grandes marges de manœuvres pour répondre efficacement aux impératifs
de la crise, de conforter la position extérieure du pays auprès des bailleurs de
fonds internationaux en dépit d’un léger fléchissement des IDE et de projeter
une croissance de 3,3% en 2009, tout en espérant atteindre 3,8% en 2010, en
attendant de revenir à un rythme plus soutenu d’environ 5% à partir de 2011 si
les signes de la reprise, décelées récemment dans les principales capitales
occidentales, sont confirmés.