Agriculture : derrière la belle vitrine, un secteur en déroute

[26/02/2010 16:01:52] PARIS (AFP)

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éleveurs le 19 septembre 2009 à Saint-Gaudens (Photo : Remy Gabalda)

Les plus beaux fleurons de l’agriculture française seront réunis à partir de samedi à Paris pour le salon annuel du secteur, mais cette vitrine ne doit pas cacher le profond désarroi des agriculteurs dont certains ont décidé de faire entendre leur mécontentement.

Cette 47e édition du salon de l’agriculture va se dérouler “dans une ambiance lourde, comme jamais vu”, prévient un responsable syndical qui “étant donné le contexte, ne peut écarter” des débordements.

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éveille, propriétaire d’Aïda, star du salon de l’agriculture, le 16 février 2010 dans sa ferme deMenetreol-sur-Sauldre (Photo : Alain Jocard)

En première ligne, les producteurs de lait, fer de lance de la contestation dans le monde agricole, qui ont fait grève cet automne pour obtenir une hausse des prix. Deux organisations, l’association des producteurs laitiers indépendants (APLI) et la Coordination rurale (CR), syndicat minoritaire, organiseront lundi un “forum” en plein salon pour dénoncer la fin des quotas laitiers et la volatilité des prix.

Mercredi, ce sera au tour de la Confédération paysanne, autre syndicat minoritaire, de mener une action pour dénoncer des “revenus en berne”.

L’an dernier, les agriculteurs ont subi en moyenne une chute d’un tiers de leurs revenus, un coup dur après une année 2008 déjà difficile (-20%).

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à la Porte de Versailles à Paris (Photo : Paz Pizarro)

En dépit de cette ambiance morose, le salon de l’agriculture, qui se tient jusqu’au 7 mars, devrait battre le record de fréquentation de l’an dernier, avec 700.000 visiteurs prévus. En cette période pré-électorale, de nombreux responsables politiques sont attendus. “Nous avons reçu un nombre record de demandes pour venir nous visiter”, a assuré un porte-parole de la FNSEA, premier syndicat agricole.

Contrairement à ces deux dernières années, le président de la République n’inaugurera pas le salon samedi, mais le clôturera le dernier week-end, “plutôt le samedi 6”, selon l’Elysée.

Un rendez-vous bien vague aux yeux des Jeunes Agriculteurs d’Ile-de-France qui y voient un signe du “manque d’implication” de Nicolas Sarkozy.

La venue en fin de salon du président “lui permettra de prendre en considération tous les débats qui auront eu lieu, (…) toutes les inquiétudes qui se seront manifestées”, a plaidé le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire.

La première participation du chef de l’Etat au salon avait été marquée par le fameux “Casse-toi, pauvre con!” lancé à un visiteur qui ne voulait pas lui serrer la main.

M. Le Maire inaugurera donc lui-même le salon, accompagné du nouveau commissaire européen à l’Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos. Un “signal fort”, selon le ministre, au moment où l’Europe renégocie dans la douleur la Politique agricole commune (PAC) dont la France est la principale bénéficiaire.

Le Premier ministre François Fillon est attendu à une date non encore précisée. En revanche, Dominique de Villepin a d’ores et déjà annoncé son passage le 3 mars.

Le salon de l’agriculture met l’accent cette année sur la recherche et l’innovation, une domaine dans lequel la France est en perte de vitesse, ce qui pénalise sa compétitivité au niveau mondial. Si “l’urgence absolue” est de garantir aux agriculteurs “un revenu stable et décent”, la recherche est “décisive” pour l’avenir de l’agriculture, souligne M. Le Maire.

Echaudé par la polémique sur les OGM, le ministre veut toutefois avancer “avec prudence” et “pédagogie” dans ce domaine.

“On a confondu la recherche en biotechnologie avec le Monsanto 810”, une variété de maïs génétiquement modifié, argumente M. Le Maire. Mais la recherche en biotechnologie est “indispensable” et “nous ferions une erreur historique” en y renonçant.