Portsmouth, première victime de l’endettement massif du football anglais

[26/02/2010 16:08:28] LONDRES (AFP)

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énéral de Portsmouth Peter Storrie (G) est interpellé par un supporter en colère au siège du club le 26 février 2010. (Photo : Glyn Kirk)

Portsmouth est devenu vendredi le premier club placé en redressement judiciaire dans l’histoire de la Premier League, sanction d’un endettement massif qui concerne l’ensemble du football anglais.

“Le Portsmouth Football Club a officiellement annoncé son placement en redressement judiciaire. C’est un jour extrêmement triste pour quiconque lié au club”, a déclaré son directeur-général Peter Storrie qui démissionnera quand il aura trouvé des repreneurs.

Cette mesure protège de ses créanciers “Pompey”, endetté à hauteur de 70 millions de livres (78,5 millions d’euros), qui peine à payer ses joueurs et a changé trois fois de propriétaires cette saison.

Elle le condamne toutefois à la relégation, le règlement de la Premier League prévoyant un retrait automatique de neuf points à une équipe lanterne rouge du championnat et qui a vendu ses meilleurs joueurs pour dégager en vain des liquidités (95,5 millions de livres depuis l’été).

“C’est le premier club de Premier League et nous espérons que ce sera le dernier”, a commenté l’entraîneur de Blackburn, Sam Allardyce. “Il y a clairement eu une mauvaise gestion”, a regretté Owen Coyle, son homologue de Burnley, qui affronte Portsmouth ce week-end.

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énégalais de Portsmouth Papa Bouba Diop le 20 février 2010. (Photo : Olly Greenwood)

L’équipe de la côte sud de l’Angleterre est l’exemple caricatural d’un football anglais qui vit au-dessus de ses moyens. Ce club à l’histoire modeste a recruté des stars (Lassana Diarra, Peter Crouch, Jermain Defoe, Sol Campbell, Sulley Muntari) qui lui ont permis de remporter la Coupe d’Angleterre en 2008 mais ont pesé sur ses comptes.

Par la voix de son porte-parole, le Premier ministre britannique Gordon Brown a dit son inquiétude de voir des supporteurs “souffrir à cause de l’incapacité des clubs à gérer convenablement leurs finances” et a insisté sur la nécessité d’introduire des “règles raisonnables de gouvernance”.

Cette semaine, l’UEFA a évalué à 3,8 milliards d’euros la dette des clubs anglais, ce qui représente plus de la moitié (56%) de l’ensemble des équipes européennes. Surtout, cette somme avoisine dangereusement celle des actifs des équipes de Premier League (4,3 milliards d’euros).

Wigan, Hull et West Ham rencontrent d’importantes difficultés et les bilans de deux géants, Manchester United et Liverpool, suscitent l’inquiétude de leurs supporteurs.

Manchester a dû émettre en janvier 500 millions de livres d’obligations, promesse de versements importants d’intérêt, mais seul moyen de refinancer une dette titanesque de 716,5 millions de livres. Liverpool (quelque 270 millions d’euros de dettes) a dû repousser sine die la construction d’un nouveau stade.

Cette situation inquiète la Fédération internationale (Fifa) qui compte aborder le sujet le 18 mars. Elle donne des arguments au président de l’UEFA Michel Platini, qui souhaite imposer son concept de “fair-play financier” en exigeant des clubs qu’ils respectent des ratios d’endettement.

Après avoir pendant des années prôné la théorie du “debt is good”, la Premier League, rattrapée par la crise financière mondiale, a infléchi sa position à l’automne, imposant pour la première fois un début de contrôle de gestion à ses clubs.