Nouveau casse-tête pour les banques américaines. Des ménages, réagissant à la
chute de leur revenu, laissent la clé sous le paillasson. Et, une ardoise pour
le banquier.
Les banquiers américaines se plaignent du comportement de certains de leurs
clients, lesquels se sentant «underwater» sous la ligne de flottaison, préfèrent
se tirer «Walk Away» en restituant leur logement à leur banquier et l’ardoise
qui va avec.
Faut-il blâmer le débiteur rationnel?
Des clients des banques d’investissement américaines qui ont contracté des
crédits hypothécaires, touchés par une baisse de leur revenu ont vu leur
solvabilité diminuer. Les mensualités de remboursement de leur crédit rognent
leur salaire réduisant leur pouvoir d’achat. Devant cette situation, de leur
propre volonté, ils restituent le logement au banquier et vont louer ailleurs.
Le «Mortgage», crédit hypothécaire, aux Etats-Unis, permet ce dénouement sans
problème pour le client débiteur. Le crédit est gagé uniquement sur le logement
financé à crédit. Le revenu et le patrimoine du débiteur ne sont donc pas
concernés. Et la dette s’éteint pour le client dès lors qu’il rend le logement
au banquier qui l’a financé. C’est aussi simple. Il se tire d’affaires. Et, au
banquier de se débrouiller avec sa dette. On peut dire, dans ce cas d’espèce,
que l’attitude du client, dictée par des circonstances difficiles, est
rationnelle. Elle n’est donc pas répréhensible.
Keep up with the «Donovans», faire comme le voisin
Les «walk Away» ne sont pas pour aider le marché de l’immobilier à se redresser.
Et une bonne partie du parc immobilier résidentiel dans de nombreuses régions
aux Etats-Unis se retrouve dévalorisée commercialement. Les clients se
retrouvent dans une situation financièrement «aberrante». Ils remboursent des
mensualités de crédits qui sont découplées de la valeur actuelle de leur
propriété. Alors, ils ont réagi en débiteurs «malins». Ils rendent leur
habitation à leur banquier et s’en vont louer en attendant de voir venir. Cet
arbitrage est en soi rationnel. De nombreuses personnalités américaines ont crié
au scandale jugeant ce «caprice» du client comme un comportement amoral. Il
prive la banque d’un bénéfice convenu et l’expose à moins-value sur son actif.
La banque ne peut que mettre le bien en vente, et compte tenu des circonstances,
ces ventes se multipliant tirent le marché vers le bas et fatalement l’exposent
à un short sale, une vente à perte. Il est même arrivé au président O’Bama de
rappeler ces clients à plus de responsabilité.
Bien heureux les clients américains
La logique libérale, il faut la vivre jusqu’au bout. Elle a permis pendant une
première mi-temps aux banquiers avec les sur-marges des crédits logement «subprimes»
de s’en mettre plein les caisses. A présent, il faut accepter le revers de la
médaille. Quand le client refuse de se laisser pigeonner, et qu’il piège son
créancier, cela fait partie du jeu, aussi. Le jeu «libéral» permet à un client «unfair»,
déloyal, d’invoquer le fair-play, allez-y comprendre quelque chose. Trop
«yankee» pour nous.