La grande ambition de Strauss-Kahn pour le FMI devrait faire débat

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énéral du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, le 26 février 2010 à Washington (Photo : Tim Sloan)

[27/02/2010 15:31:46] WASHINGTON (AFP) La grande ambition du directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, de donner un nouveau rôle à l’institution, risque de faire débat entre les Etats membres.

M. Strauss-Kahn a annoncé vendredi qu’il allait leur demander un mandat élargi, prévoyant des moyens plus puissants pour détecter les risques potentiels pour l’économie mondiale, et une réponse rapide aux problèmes de liquidité dépassant les frontières.

La procédure prévoit désormais une négociation entre la direction du Fonds et ses membres, pour aboutir à une adoption des propositions de M. Strauss-Kahn par le conseil d’administration, où sont représentés 24 pays ou groupes de pays.

“Nous lançons l’idée”, a affirmé le dirigeant du Fonds, devant l’assemblée du Comité de Bretton Woods à Washington, un cercle de réflexion sur l’architecture des institutions multilatérales.

Le FMI publiait en même temps un document de 12 pages résumant la proposition: une surveillance des risques financiers et des flux de capitaux, une “capacité à fournir rapidement des liquidités à court terme à plusieurs pays simultanément”, et une réflexion sur un “nouvel actif de réserve”.

Certaines idées pourraient se heurter aux prérogatives des régulateurs nationaux: “il sera essentiel d’améliorer notre capacité à surveiller les quelques dizaines de grandes institutions financières complexes qui composent la tuyauterie de base à travers laquelle circule le capital mondial”, a notamment avancé M. Strauss-Kahn.

En voulant faire d’une institution de fonctionnaires internationaux la tour de contrôle de l’économie et de la finance mondiales, M. Strauss-Kahn “est dans la grande tradition européenne qui veut que la régulation puisse régler tous les problèmes économiques”, juge Adam Lerrick du cercle libéral American Entreprise Institute.

Mais les fonctionnaires internationaux “ne peuvent pas être plus intelligents que les milliers de gens dans la finance qui surveillent les risques tous les jours, et qui ont des raisons bien plus fortes de le faire: gagner de l’argent”, a-t-il ajouté.

Dans les réformes qu’il a lancées depuis son accession à la tête du FMI fin 2007, M. Strauss-Kahn a connu un succès indéniable.

Il a fait voter aux Etats membres une nouvelle répartition des droits de vote et la vente d’un huitième de l’or du Fonds pour lui donner des revenus bien plus réguliers, il a modernisé les modalités de prêt, il a porté les ressources prêtables de 260 à 850 milliards de dollars, et le groupe des pays riches et émergents du G20 l’a chargé de faire des recommandations dans le but de “rééquilibrer la croissance mondiale”.

Le FMI est aussi en train de restaurer son image dans des régions du monde où son intervention a laissé des souvenirs douloureux: l’Amérique latine, l’Asie et même l’Afrique.

M. Strauss-Kahn voulant “bâtir sur cet élan positif”, sa nouvelle proposition étend encore l’influence d’une institution déjà puissante.

Il lui faudra convaincre, à Washington même, une Amérique par nature méfiante vis-à-vis du multilatéralisme. Mais aussi Berlin, qui n’est pas sûr de vouloir pérenniser les nouvelles ressources du FMI, ou encore Pékin, qui a opportunément obtenu jeudi la nomination d’un Chinois au poste de “conseiller spécial” du directeur général.