Google : deux patrons de la BNF s’opposent par livres interposés

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Le logo de Google au salon du livre de Francfort, le 10 octobre 2007 (Photo : John Macdougall)

[27/02/2010 13:03:19] PARIS (AFP) L’actuel président de la Bibliothèque nationale de France Bruno Racine et son prédécesseur Jean-Noël Jeanneney publient tous deux la semaine prochaine un livre sur Google, le premier plaidant pour des négociations avec le géant américain, le deuxième s’y opposant farouchement.

En jeu dans cette guerre fratricide, la numérisation des ouvrages de la BNF par Google et deux conceptions du service public qui s’affrontent.

Bruno Racine, dont le mandat de trois ans s’achève le 31 mars, publie jeudi “Google et le nouveau monde” (Plon), un essai où il promeut un scénario qui, grâce à l’engagement de l’Etat et à “une alliance exigeante” avec le moteur de recherche américain, permettrait “aux acteurs de l’édition de s’adapter au nouveau monde en conservant leur indépendance”.

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à Paris (Photo : Bertrand Guay)

La veille, paraîtra une troisième édition actualisée de l’essai de Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF de mars 2002 à mars 2007, “Quand Google défie l’Europe, plaidoyer pour un sursaut” (Mille et une nuits).

Dans une postface inédite baptisée “Nouvelle bataille”, il raconte comment il s’est “senti tenu à nouveau de porter la question dans le débat public” après l’annonce en août dans La Tribune d’un accord probable entre Google et la BNF. Il y appelle à une “contre-offensive” de l’Europe face au géant américain qui a déjà numérisé 12 millions de livres dans le monde.

Candidat à sa propre succession, Bruno Racine n’a pour sa part jamais caché qu’il était en discussion avec le groupe californien, avec la bénédiction de Bercy.

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à Paris de la Bibliothèque nationale de France (BNF). (Photo : Loic Venance)

Mi-février, M. Racine a encore déclaré rester “favorable” à un accord non exclusif avec Google sur la numérisation du patrimoine écrit de la BNF. Il estime nécessaire de faire “comprendre la véritable originalité de Google” plutôt que de le diaboliser.

Le ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand a obtenu une enveloppe de 750 millions d’euros pour la numérisation du patrimoine culturel de l’Etat dans le cadre du Grand emprunt national.

La bibliothèque numérique de la BNF, Gallica, vient elle de dépasser le cap du million de documents, dont la plupart sont accessibles gratuitement.

Son contenu alimente le projet Europeana, voulu avec force par M. Jeanneney, et destiné à donner accès au patrimoine européen numérisé.

Dans son essai, M. Racine estime que “la bibliothèque numérique européenne a bel et bien pris forme, certes… mais chez Google”.