à Berlin (Photo : Vladimir Rodionov) |
[01/03/2010 17:02:47] PARIS (AFP) L’annonce d’un important accord franco-russe sur le gaz est venue souligner lundi la proximité politique et économique entre Paris et Moscou, au premier jour d’une visite d’Etat en France du président Dmitri Medvedev.
Arrivé en fin d’après-midi à Paris, Dmitri Medvedev devait débuter cette visite, destinée à célébrer jusqu’à mercredi les années culturelles croisées de la Russie en France et de la France en Russie, par un entretien politique dès lundi soir avec le président français Nicolas Sarkozy, au palais de l’Elysée.
Avant même le début des discussions, les groupes GDF Suez et Gazprom ont annoncé la signature d’un protocole d’accord sur l’entrée à hauteur de 9% du Français dans le capital du projet de gazoduc Nord Stream, qui acheminera du gaz russe vers l’Europe via la mer Baltique.
L’accord précise que GDF Suez deviendra actionnaire de Nord Stream “avant le début de sa construction” prévue en avril. Il ajoute que les deux parties sont d’accord pour une augmentation, par le biais de ce gazoduc, des livraisons de gaz russe à GDF Suez.
é du géant gazier russe Gazprom travaille dans la salle de contrôle centrale du siège de Gazprom à Moscou le 14 janvier 2009 (Photo : Yuri Kadobnov) |
La visite d’Etat de Dmitri Medvedev marque un nouveau rapprochement entre Paris et Moscou, en dépit des critiques répétées des défenseurs des droits de l’homme qui jugent la situation en la matière toujours inacceptable en Russie.
La France et la Russie entendent développer “un partenariat stratégique à multiples facettes”, a déclaré lundi dans le quotidien Le Figaro le chef de l’administration du Kremlin, Sergueï Narychkine. “En matière de coopération économique, les échanges commerciaux entre nos deux pays sont en plein boom, progressant en moyenne de plus de 25% par an depuis 2006”, a-t-il ajouté.
Outre l’accord entre GDF Suez et Gazprom, les milieux économiques s’attendent également à la confirmation d’un partenariat entre le groupe industriel Alstom et le constructeur de trains russe Transmashholding (TMH).
En revanche, le projet très controversé d’achat par Moscou du Mistral, un puissant navire militaire français, ne devrait pas trouver d’aboutissement au cours de cette visite, selon une source militaire russe. Il devrait cependant être discuté par les deux chefs d’Etat.
Le Mistral est un porte-hélicoptères, un bâtiment de projection et de commandement permettant notamment de transporter des troupes vers un théâtre d’opération. La Russie a marqué son intérêt pour quatre exemplaires de ce navire.
élicoptère de la Marine française, le 23 novembre 2009 sur la Neva, à Saint-Petersbourg, en Russie (Photo : Kirill Kudryavtsev) |
Mais le projet de contrat suscite de grandes inquiétudes au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord, et parmi les voisins de la Russie, en particulier en Géorgie, après la brève guerre qui a opposé Tbilissi et Moscou pendant l’été 2008.
“Il (le Mistral) a de grandes capacités amphibies pour transporter des armes, des hélicoptères, des blindés, des soldats, il dispose d’un hôpital ou d’un état-major militaire. On peut l’utiliser à des fins humanitaires si on veut, mais aussi à des fins militaires”, a estimé dans la revue Foreign Policy Eka Tkechelachvili, conseillère géorgienne pour la sécurité nationale.
Dmitri Medvedev devait également aborder avec son homologue français les grands sujets internationaux, en particulier le programme nucléaire iranien.
Les Français, fermes partisans de nouvelles sanctions contre l’Iran, espèrent pouvoir compter sur un accord de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.
Le président russe veut aussi plaider pour l’entrée de son pays dans l’Organisation mondiale du commerce et pour sa proposition d’un nouveau Pacte européen de sécurité, qui dépasserait l’héritage de la guerre froide et couvrirait l’ensemble de l’espace euro-atlantique.
La visite d’Etat de Dmitri Medvedev aura également une forte dimension symbolique. Il inaugurera mardi au musée du Louvre l’exposition “la Sainte Russie”, qui sera l’un des temps forts de l’année de la Russie en France.