à quelque 30 km de Concepcion, détruite, le 1er mars 2010. (Photo : Claudio Santana) |
[01/03/2010 22:05:52] WASHINGTON (AFP) Le séisme qui a ravagé le Chili va sans doute entraîner la perte de milliards de dollars, mais les solides traditions économiques du pays devraient lui permettre de se remettre rapidement, selon des experts.
Deux sociétés américaines de modélisation des risques, Eqecat et Air Worldwide, ont estimé que les destructions pourraient dépasser 15 milliards de dollars – ce qui n’est pas difficile à croire au vu des innombrables immeubles effondrés et ponts écroulés à la suite du tremblement de terre de samedi.
Cela signifie qu’environ 10% du produit intérieur brut annuel du pays partirait en fumée. Aux Etats-Unis, l’équivalent serait une catastrophe infligeant pour 1.420 milliards de dollars de destructions.
L’impact du séisme s’est fait sentir à la réouverture des marchés lundi, surtout pour tout ce qui est lié au cuivre, métal dont le Chili produit à peu près le tiers de la production mondiale.
Le cours du cuivre a rapidement bondi de 5%, avant de refluer quand les opérateurs se sont aperçus que les grandes mines n’avaient pas été touchées.
“Heureusement, les plus grandes mines de cuivre se trouvent loin au nord de l’épicentre du tremblement terre”, a souligné Bill Witherell, économiste à Cumberland Advisors. “Les dommages soufferts par les sites de production semblent mineurs, et le plus grand port d’exportation de cuivre fonctionne normalement”.
Quant au sort plus général de l’économie chilienne, il ne semble pas beaucoup inquiéter les investisseurs, qui n’oublient pas qu’il s’agit d’un pays qui fait depuis longtemps figure de modèle pour l’Amérique latine.
Certes, c’est un homme d’affaires peu expérimenté en politique, Sebastian Pinera, qui assumera la présidence du pays dans dix jours, mais cela n’a pas poussé les investisseurs à augmenter la prime de risque associée aux bons du Trésor chilien.
Depuis les années 1970 et la dictature d’Augusto Pinochet (1973-90), le gouvernement chilien a cultivé une politique économique ultra-libérale qui a mis le pays à l’abri de certains maux soufferts par des pays voisins à la vie politique moins stable: hyper-inflation, défaillances sur la dette et crises bancaires.
Aujourd’hui, le Chili semble bien parti pour devenir le premier pays latino-américain à intégrer le club des grandes économies développées, l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique).
Les économistes s’attendent à ce que M. Pinera puise dans les 11,3 milliards de dollars du Fonds de stabilisation économique et sociale pour payer une partie au moins de la reconstruction.
“L’endettement public est très faible, à environ 6% du PIB, ce qui donne aussi au prochain gouvernement une certaine latitude pour aller chercher des financements à l’extérieur si nécessaire”, a souligné le cabinet d’analyse économique IHS Global Insight.
En outre, souligne M. Witherell, l’injection de fonds publics pour reconstruire devrait être en soi un élément positif.
“Même si on peut s’attendre à un impact provisoire à court terme sur la performance économique (du pays), nous pensons que les efforts de reconstruction feront plus que compenser l’impact du séisme sur l’économie chilienne, représentant un important facteur de relance vers la fin de l’année”, explique-t-il.
“Le développement des infrastructures chiliennes (…) et une économie solide garantissent un rétablissement relativement rapide, qui pourrait ne prendre que quelques mois”, résume pour sa part IHS Global Insight.