Tunisie – Economie : Oxford Business Group scrute les chiffres tunisiens!
Le cabinet d’intelligence économique londonien,
Oxford Business Group, considère
que l’économie tunisienne est «sur la bonne voie». Voici pourquoi :
Malgré le ralentissement mondial dont a découlé une récession qui a frappé les
plus grands marchés d’exportation du pays, les chiffres récemment publiés par le
gouvernement tunisien font état d’une série de bons paramètres fondamentaux
macroéconomiques pour la fin de l’année 2009.
Ces résultats sont notamment dus à une augmentation de l’investissement étranger
direct (IDE) et du financement international, ainsi qu’à la poursuite de la
privatisation et de la stratégie de diversification.
Bien que 2009 ait été une année difficile, surtout si l’on tient compte de
l’étroite relation économique qu’entretient le pays avec les marchés européens
victimes de récession et qui sont à l’origine de la plus grande partie de la
demande des biens et des services tunisiens, l’économie a quand même réussi à
croître de 3.1%. Ce chiffre est d’autant plus impressionnant que, au cours de la
même année, plusieurs économies européennes ont connu une croissance nulle. Par
ailleurs, le gouvernement prévoit une croissance de 4% pour l’année 2010.
En termes d’IDE, le pays a attiré 2.38 milliards de dinars tunisiens (1.26
milliard d’euros), selon les chiffres du ministère du Développement et de la
Coopération internationale. De plus, les médias locaux ont annoncé que le
gouvernement s’attendait à ce que l’économie tunisienne reçoive un total de 100
milliards de dinars tunisiens (52.91 milliards d’euros) en investissement
public, privé et étranger au cours des cinq prochaines années.
Les bons résultats de la Tunisie sont également une conséquence du programme de
restructuration mis en place depuis 1995 et visant à améliorer la productivité
et les résultats commerciaux. Grâce aux lignes de crédit et au soutien technique
direct, l’aide publique a donné lieu à un investissement de 5.2 milliards de
dinars (2.7 milliards d’euros tunisiens qui a permis d’aider quelque 4 500
sociétés. Cette assistance a, d’une part, mené à une multiplication des
techniques de gestion plus professionnelle, qui ont eu un effet sur l’économie
dans son ensemble, et, d’autre part, préparé, par le biais d’une augmentation de
leur compétitivité en 2009, un grand nombre d’entreprises au ralentissement de
la croissance économique.
«Lorsque vous êtes entourés de ressources humaines qualifiées, vous prenez de
meilleures décisions, vous déléguez et la gestion de l’entreprise s’en trouve
améliorée. Il s’agit d’une grande consolidation de l’édifice économique du pays
», a expliqué à OBG Chekib Nouira, président de l’Institut arabe des chefs
d’entreprises.
Le pays cherche également des façons de renforcer la coopération économique avec
des marchés hors de l’Union européenne, tels que l’Afrique sub-saharienne, le
Golfe et l’Asie, ce qui, a priori, augmentera la résistance du pays aux chocs
économiques à venir. Cependant, dans la mesure où d’autres marchés émergents
tentent de se frayer chemin pour accéder à la zone euro, les entreprises
tunisiennes cherchent également à gagner en valeur ajoutée et à s’éloigner de la
simple compétitivité des coûts.
«Les sociétés tunisiennes les plus compétitives ont déjà atteint leur capacité
maximale, ce qui veut dire qu’elles doivent concentrer leur attention et leur
énergie sur les marchés où elles sont déjà présentes», a déclaré M. Nouira. «La
stratégie pour les industries du pays est maintenant de progresser dans la
chaîne des valeurs et de ne plus compter exclusivement sur la compétitivité des
coûts, qui n’est pas éternelle», a-t-il poursuivi.
Le programme de privatisation du pays attirera également davantage
d’investissements dans l’économie. En 2010, le programme touchera plusieurs
secteurs, ce qui contribuera à la diversification de la croissance. En effet,
des entreprises du secteur agricole, des services, du transport et de
l’industrie devraient être privatisées cette année. Ainsi, on s’attend à ce que
des acteurs publics, tels que la Société tunisienne d’assurances et de
réassurances (STAR), la Compagnie tunisienne de navigation et la Société
tunisienne d’aviculture, attirent l’attention des investisseurs, à l’instar de
l’introduction en bourse de
Ciment de Bizerte.
Le pays a également réussi à baisser son taux d’inflation, ce dernier étant
passé de 5% en 2008 à 3.7% en 2009, selon des chiffres de la Banque centrale de
Tunisie. Cependant, il risque d’être difficile de préserver la stabilité des
prix à la consommation alors qu’on s’efforce de contenir l’inflation. Le
gouvernement a d’ailleurs déjà annoncé une augmentation de 5% des prix du
pétrole afin d’aider à réduire le déficit budgétaire. De plus, la reprise
probable de l’économie mondiale risque de pousser encore davantage les prix vers
le haut, ce qui aura un effet sur les chiffres de croissance réelle de l’année
2010.
L’investissement de 2010 sera également influencé par le prêt de 206 millions
d’euros accordé par la
Banque mondiale. L’accord, récemment conclu entre une
délégation de l’institution internationale et le ministère du Développement et
de la Coopération internationale, aura pour objectif principal, selon les médias
locaux, de développer les énergies renouvelables et d’améliorer le recrutement
des diplômés d’université, la gestion des ressources naturelles et les services
sociaux.
Bien que la Tunisie ait montré qu’elle était préparée à tirer profit de la
confiance retrouvée en son économie, les résultats économiques du pays de 2010
dépendront tout de même du redressement des économies européennes.