Tunisie – Commerce : Conseillers à l’export, … des revendications qui ne passent pas

Tunisie – Commerce: Conseillers à l’export, … des
revendications qui ne passent pas

Que nous arrive-t-il ? Avons-nous perdu l’aptitude de parler
en public ? Sommes-nous devenus incapables de nous exprimer dans un langage
clair et précis ? D’aborder une problématique ou une thématique sans tomber dans
les généralités et noyer l’utile et l’important dans le superflu et l’accessoire
?

cepex-03032010.jpgC’est
ce qui est, en tout cas, arrivé mercredi 3 mars à la Maison de l’Exportateur (Cepex)
lors de la rencontre désormais traditionnelle instaurée par le ministre du
Commerce pour développer le débat public entre institutionnels et privés, débat
consacré, cette fois-ci, aux conseillers à l’exportation. Les interventions
«bateau» et décousues n’ont pas permis aux personnes présentes, précisément aux
organes de presse, de bien saisir les problématiques du secteur afin de mieux
les cerner. C’est ce qui a fait dire à Chokri Mamoghli, secrétaire d’Etat auprès
du ministre du Commerce et de l’Artisanat, chargé du Commerce extérieur, qui a
modéré la séance: «Si vous voulez vous attaquer aux problèmes de fonds, ne vous
attardez pas sur les détails pour que l’essentiel soit plus accessible».

En effet, il aurait été plus simple d’attirer l’attention des autorités
publiques représentées en la personne du secrétaire d’Etat au problème se
rapportant au surnombre des conseillers à l’export : «Près de 196, a précisé
Hamadi Kooli, président de la Fédération des exportateurs à
l’UTICA, dont une
vingtaine seulement occupe la plus grande part du marché». D’autres touchant à
l’absence au CEPEX d’un directeur coordinateur du programme
Famex
à l’instar de
Slim Chaker parti, il y a plus d’une année en Jordanie, à la non disponibilité
d’un bureau consacré aux conseillers à l’export, aux délais de remboursement et
de paiement trop longs, à l’attitude des experts étrangers «qui se comportent
avec nous comme des êtres supérieurs face à des indigènes», de l’avis de Mme
Kammoun qui assure le rôle de conseillère dans les secteurs de l’agroalimentaire
et de l’artisanat. Secteur qui, fait-elle remarquer en passant, manque
d’organisation et de savoir-faire au niveau des foires internationales.

Les conseillers à l’export (CE), corps régi par arrêté du ministère du Commerce
à la suite du lancement du PDE, ont pour rôle d’assurer une assistance technique
aux entreprises exportatrices et de les accompagner dans leurs stratégies pour
la conquête de nouveaux marchés.

La Tunisie, qui compte axer sa politique à l’export sur les nouveaux marchés de
l’Europe de l’Est, du Nord, des pays du Golfe, du Maghreb ainsi que de l’Afrique
subsaharienne, est décidée, avec le Famex III, à soutenir 1.000 entreprises.

«Mais nous pourrons revoir leur nombre à la hausse», précise M. Mamoghli, qui
rappelle que le Famex II sensé soutenir 800 entreprises en a accompagné 1.300.
Le secteur des services est celui qui profite le plus d’un accompagnement à
l’international.

La qualité des actions à l’export est meilleure quand on recourt à des CE, qui,
pour la plus part, assistent des entreprises de services, TPE, PME. Parmi les
entreprises qui ont bénéficié des conseils des CE, 80% ont réalisé des résultats
intéressants, précise-t-on au CEPEX.

La formation dans les techniques export est assez importante pour construire la
crédibilité et acquérir du métier. Il ne suffit pas de remplir les conditions
stipulées par un cahier de charges pour être un bon conseiller à l’export, il
faut avoir de l’expérience, de la maturité, être rodé aux rouages du marché,
être reconnu tant par les institutionnels que par les entreprises en tant que
maillon important de l’opération de l’exportation et être présent dans toutes
les régions du pays, pour pouvoir accompagner les entreprises exportatrices
disséminées sur tout le sol national.

Mais plus important encore, il faut que les conseillers à l’export apprennent
eux-mêmes à communiquer entre eux, à formuler des propositions claires pour
aider à leur reconnaissance, améliorer les conditions d’exercice de leurs
activités. L’image présentée mercredi 3 mars par certains conseillers à l’export
n’était pas brillante, l’ambiance était à la cacophonie, les conseillers se
contredisaient, les propositions se rejetaient. Spécialisation ? Pas de
spécialisation ? Réglementation rigoureuse ou souple ? Limitation de l’accès au
métier de CE ou plaider pour son ouverture ? Beaucoup de questions qui auraient
pu être plus approfondies si ce n’est le manque de coordination et l’abîme des
mots qui ont englouti aujourd’hui la salle, avec elle les problèmes fondamentaux
du secteur.

«Il faut que le métier des conseillers soit plus structuré pour permettre aux
opérateurs d’avancer et de répondre aux critères qui seront établis par le Famex
III», a déclaré M. Kooli appelant les CE à se regrouper dans une seule entité et
à mieux communiquer en les assurant du soutien de l’UTICA.

Car aujourd’hui, nous avons vu non pas des conseillers qui se conduisaient selon
l’adage tunisien connu «Ettir illi y ghanni w jnahou y rod alih…» pour la
défense d’un métier qu’ils ont choisi, mais plutôt une autre scène qui rappelle
une autre maxime populaire «kol Tir y ghanni wahdou»…Et c’est plutôt mauvais
pour l’image du secteur.

Espérons que le secrétaire d’Etat, qui a animé la rencontre, a pu tirer du débat
des propositions claires et constructives pour le bien du métier de Conseiller à
l’Export et de l’exportation en général dans notre pays.