La BCE garde son principal taux inchangé face à une reprise qui patine

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet, le 16 février 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[04/03/2010 14:54:38] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi son principal taux directeur à son plus bas niveau historique, un statu quo appelé à durer sur fonds de reprise économique molle et de crise grecque.

Le taux de refinancement, baromètre du crédit dans les seize pays de la monnaie unique, reste à 1%, son niveau depuis presque un an.

La Banque d’Angleterre a auparavant elle aussi annoncé le maintien inchangé de son taux directeur, à 0,50%.

Le président de la BCE Jean-Claude Trichet doit tenir une conférence de presse à partir de 13H30 GMT, pour faire un point sur la conjoncture de la zone euro et ses perspectives.

Le Français doit à cette occasion livrer les nouvelles prévisions de l’institution. Côté croissance, elle misait en décembre sur une progression de 0,8% du Produit intérieur brut en moyenne cette année, puis de 1,2% en 2011.

L’essouflement de la reprise économique à la fin 2009, confirmé jeudi par l’office Eurostat, conjugué à la débâcle budgétaire grecque, vont sans doute l’encourager à, au mieux, conserver ses projections.

“Une nouvelle récession technique (soit deux trimestres de contraction du PIB d’affilée, ndlr) au cours de 2010 ne peut pas être exclue pour le moment”, prévient Cédric Thellier, économiste à Natixis. Pour de nombreux experts, il y a déjà de fortes chances que le PIB ait reculé au premier trimestre, en raison notamment d’une consommation toujours faible et d’un hiver rigoureux qui a paralysé les travaux en plein air comme le bâtiment.

Côté inflation, les risques d’emballement des prix paraissent pour l’heure bannis et la BCE devrait confirmer ses pronostics d’il y a trois mois.

En clair, une remontée des taux directeurs n’aura sans doute pas lieu avant très longtemps, souligne Jennifer McKeown de Capital Economics. La plupart des économistes misent sur un statu quo au moins juqu’à la fin de cette année.

Les experts attendent surtout de nouvelles décisions de la BCE concernant l’allègement de son dispositif anti-crise. En décembre, elle a déjà réduit quelque peu ses mesures exceptionnelles d’aide au crédit, qui visent essentiellement à permettre aux banques d’emprunter autant de liquidités qu’elles le souhaitent, à des taux très bas et sur différentes périodes.

Pour faire mieux passer la pilule auprès des banques et des marchés, la BCE a déjà annoncé que le processus serait progressif et étalé sur la durée.

Jean-Claude Trichet aura sans doute à coeur de le redire jeudi, alors que les banques de certains pays, Grèce en tête, restent très dépendantes des opérations de la BCE pour leur refinancement, souligne Jennifer McKeown de Capital Economics.

Le gouvernement d’Athènes a annoncé mercredi un nouveau paquet d’austérité de 4,8 milliards d’euros grâce auquel le pays compte tenir son objectif de réduction du déficit public cette année. La BCE a déjà salué ces mesures qu’elle a jugées “nécessaires et appropriées”.

“Les Grecs font un grand pas en avant qui va largement plus loin que ce qui était demandé”, a même estimé le chef économiste de la BCE Jürgen Stark dans le quotidien Die Welt.