[04/03/2010 17:29:33] PARIS (AFP)
à Paris d’un assortiment de fromages (Photo : Jean-Pierre Muller) |
La France, pays du fromage, a perdu du terrain en 2009 sur le marché mondial en raison d’un manque de compétitivité, plombé par un prix du lait plus élevé que chez ses principaux concurrents, mais les professionnels entrevoient des signes de reprise grâce au haut de gamme.
L’année dernière les producteurs français de fromages ont vendu pour 2,5 milliards d’euros de fromages à l’exportation, une baisse de 4,8% par rapport à 2008.
Les difficultés du secteur sont surtout perceptibles pour les fromages qui nécessitent une grande quantité de lait. C’est le cas de l’emmental. Douze litres de lait sont nécessaires pour fabriquer un kilo d’emmental contre 2 litres pour un camembert.
Pour les professionnels, quand l’emmental va, tout va. Si le prix du lait est compétitif, l’emmental se vendra bien. Dans le cas contraire, les industriels iront faire leurs emplettes ailleurs.
C’est ce qui s’est passé l’année dernière en France où le prix du lait a été en moyenne 15% supérieur à celui versé aux producteurs allemands et 9,5% plus élevé qu’aux Pays-Bas.
Ce prix plus élevé a été obtenu à l’issue de crises à répétition chez les producteurs laitiers français, très inquiets de la chute de leurs revenus.
En 2009 “la France a perdu l’équivalent de la production de deux usines d’emmental”, souligne Olivier Picot, président de l’Association de la Transformation laitière française (Atla), organisme qui représente industriels et coopératives.
Les importations françaises d’emmental ont augmenté de 23%, à 55.000 tonnes d’emmental, soit la production de deux usines.
Ce problème de compétitivité transparaît dans les exportations françaises. Pour l’emmental, elles ont baissé de 10%. Pour les fromages fondus, comme le Saint-Moret ou la Vache qui rit, dont la fabrication nécessite aussi une grande quantité de lait, la baisse a été de 13,5%.
é avec du lait de brebis de l’Aveyron (Photo : Jean-Pierre Muller) |
Mais pour les professionnels présents au salon du fromage qui se tient en marge du salon de l’agriculture, et qui veut désormais s’orienter sur le haut de gamme, des signes de reprise sont perceptibles.
“C’est vrai qu’on a connu une année 2009 difficile. Mais ici c’est un bon moyen de sentir le marché, et là on a vu pas mal de clients étrangers, beaucoup d’Américains notamment”, assure Arnaud Gauthier directeur commercial de la fromagerie Lincet.
Si les pays européens sont la première destination des exportations françaises (86% des volumes) avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Italie et les Pays-Bas en tête, le marché américain est le premier hors Europe devant la Suisse et le Japon.
“Le marché américain, c’est un énorme potentiel”, explique Arnaud Gauthier, dont la fromagerie s’est regroupée avec quatre autres fin 2007 pour créer le +Frencheese club+. Ce club propose une palette variée de produits haut de gamme, afin de mieux pénétrer un marché américain parfois compliqué à conquérir comme l’avait démontré la flambée des droits de douanes pour le Roquefort il y a un an.
Pour ces professionnels, le salon ne leur permet pas forcément de contractualiser sur place avec de nouveaux clients, “mais de préparer ces contrats qui seront signés plus tard”, assure M. Gauthier. Et visiblement, la tendance est à l’optimisme.
Depuis 2003, l’Allemagne a doublé la France comme premier producteur européen de fromages. L’Allemagne est aussi le premier exportateur de fromages européen.
En 2008, ce pays a produit près de 2 millions de tonnes contre 1,9 en France, l’Italie arrivant en 3e position avec 1,1 million de tonnes.