ésident islandais Olafur Ragnar Grimsson, le 6 mars 2010 à Alftanes (Photo : Halldor Kolbeins) |
[06/03/2010 16:38:55] REYKJAVIK (AFP) “Les banquiers gagnent quand les banques vont bien, mais quand ils perdent, on envoie la facture à la société et au contribuable”: Spessi, photographe de 54 ans, est en colère et a voté “nei” à l’accord sur Icesave, banque en ligne dont la faillite a plongé l’Islande dans une interminable crise.
“J’ai perdu ma maison et c’est quand même moi qui doit payer!”, râle-t-il en sortant de l’isoloir installé dans la mairie de Reykjavik où il est difficile, voire impossible, de rencontrer un partisan du “oui”.
Convoqués pour le premier référendum de l’histoire de leur pays, les Islandais trouvaient samedi l’occasion d’exprimer leurs désillusions et les sondages prédisaient une retentissante victoire du “non” à un accord de remboursement de près de 4 milliards d’euros aux gouvernements britannique et néerlandais.
Venu malgré le crachin glacial qui tombait sur la capitale islandaise, Thorstenn Pall Leifsson, ouvrier du bâtiment de 43 ans, licencié en raison de la crise, peste contre le gouvernement britannique qui a fait jouer la législation anti-terroriste pour saisir des actifs islandais.
“Je ne suis pas contre rembourser l’argent, mais je suis contre rembourser Gordon Brown”, lance-t-il après avoir voté “non”.
“Cet accord est si injuste, si excessif, dit-il, que je ne veux pas qu’on paie plus que ce que la loi nous oblige à faire”.
Professeur d’économie à l’université de Reykjavik, Olafur Isleifsson vient aussi de voter “non” et adresse ses critiques au gouvernement islandais qui, dit-il, “n’a pas cessé de minimiser ce vote, en disant que les gens ne devraient pas s’en soucier”.
“Je ne crois pas qu’ils aient saisi les motivations des Islandais. Ils ont vraiment parlé aux gens comme des porte-parole des Britanniques et des Hollandais”, insiste le professeur.
ère place son bulletin de vote avec son enfant, le 6 mars 2010 en Islande (Photo : Halldor Kolbeins) |
Près du Parlement qui a approuvé l’accord fin décembre, chacun apporte son commentaire dans le débat sur la défunte banque en ligne qui agite l’Islande depuis des mois.
Même Rosa Sigridur, malentendante de 46 ans, parvient, avec un grand sourire et un pouce levé, à faire comprendre qu’elle a voté “non”.
Rencontrée un peu plus tôt, Lana Kolbrun Eddudottir, programmatrice musicale à la radio de 45 ans, fait partie des exceptions car elle a voté pour l’accord.
“Je veux qu’on passe à autre chose, dit-elle. C’est injuste, mais on ne va pas continuer à pleurer toute notre vie et à perdre toute notre énergie là-dessus”.
D’autres, comme Sigurlina Ingvarsdottir et son mari Marteinn, ont voté blanc pour souligner qu’ils se soucient de l’affaire Icesave, mais ne voient pas l’intérêt du scrutin.
“Je sens que les gens en Islande sont très opposés à cet accord et je veux vraiment montrer que je suis concernée par le problème, mais je suis d’accord avec notre Première ministre quand elle dit que le référendum est sans signification”, dit cette productrice de jeux vidéo de 31 ans.
“Je ne sais pas si je vais voter”, explique à son tour Bodvar Schramm, 20 ans. “J’en ai marre de ce problème. On n’écoute même plus les nouvelles parce qu’on sait que ça ne parlera que d’Icesave”.