[06/03/2010 20:57:11] REYKJAVIK (AFP)
à Reykjavik, le 6 mars 2010 (Photo : Halldor Kolbeins) |
Les Islandais se sont rendus aux urnes samedi pour se prononcer sur l’impopulaire qu’ils devraient rejeter à une très large majorité, mais à la mi-journée la participation était faible.
Quelque 230.000 électeurs étaient convoqués à ce premier référendum depuis l’indépendance du pays en 1944 et les premiers résultats étaient attendus peu après la fermeture des bureaux à 22h00 GMT.
Vers la mi-journée, à 15h00 GMT, la participation était médiocre, aux alentours de 25-30% suivant les régions, soit dix points de moins que lors des élections de 2009, selon la Commission électorale, dans un scrutin dont le gouvernement s’est efforcé de minimiser l’importance.
Le texte soumis à la consultation est un accord organisant le remboursement d’ici à 2024 par Reykjavik de 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur Internet islandaise Icesave en octobre 2008.
Ses opposants soulignent qu’il est injuste de faire peser une facture aussi lourde -près de 100 euros par habitant et par mois pendant huit ans- sur les épaules d’un pays ruiné par l’effondrement de ses banques.
“Je vote non, tout simplement parce que je suis en désaccord total avec l’idée que nous, ou la nation, ayons à porter le fardeau”, explique Ingimar Gudmunsson, un chauffeur de camion de 57 ans venu voter malgré le crachin matinal.
à Reykjavik, le 6 mars 2010 (Photo : Halldor Kolbeins) |
Dans un tintamarre de sifflets et de casseroles utilisées comme tambours, une manifestation hostile à Icesave et réclamant plus d’aide du gouvernement face aux conséquences de la crise sur les ménages islandais a rassemblé plus de 500 personnes devant le Parlement dans l’après-midi.
“Cet accord est inacceptable pour toute nation souveraine”, s’est indigné Magnus Arni Skulason, membre fondateur d’Indefence, un collectif qui a rassemblé près de 60.000 signatures contre le texte début janvier, poussant le président islandais Olafur Ragnar Grimsson à convoquer un référendum contre le Parlement qui avait approuvé cette loi.
“C’est un accord obtenu sous la contrainte, avec des menaces du Royaume-Uni et des Pays-Bas, qui ont utilisé leur influence au FMI et au sein de l’Union européenne contre l’Islande”, dénonce-t-il.
Selon les analystes, la principale conséquence d’un “non” serait de retarder le versement de prêts provenant du FMI et des pays nordiques. Mais il pourrait aussi affaiblir un gouvernement déjà critiqué pour consacrer trop de temps à Icesave ou même entraver la candidature de l’Islande à l’UE.
La perspective d’un “non” a poussé Reykjavik à tenter ces dernières semaines -jusque-là en vain- de trouver un nouvel accord avec Britanniques et Néerlandais.
ésident islandais Olafur Ragnar Grimsson, dans son bureau le 6 mars 2010 (Photo : Halldor Kolbeins) |
Le ministre islandais des Finances Steingrimur Sigfusson a indiqué vendredi soir avoir reçu des garanties des deux pays que les discussions pourraient se poursuivre après le référendum.
Paradoxalement, l’Islande a obtenu lors des toutes dernières négociations une meilleure offre que le texte soumis au vote, amenant le gouvernement islandais à considérer ce référendum comme “sans signification” car sur un texte “obsolète”.
Johanna Sigurdardottir, la dirigeante du premier gouvernement de gauche de l’Islande arrivé au pouvoir il y a un an, a dit publiquement qu’elle ne voterait pas, imitée vendredi soir par son ministre des Finances.
Le président islandais Grimsson a en revanche défendu son utilité, dans une déclaration à l’AFP.
“Je pense que le référendum a déjà eu un effet très positif. Il a poussé les Britanniques et les Néerlandais à un accord plus juste”, a-t-il souligné.