étrangères Ossur Skarphedinsson répond aux journalistes le 6 mars 2010 à Reykjavík (Photo : Halldor Kolbeins) |
[07/03/2010 07:13:58] REYKJAVIK (AFP) Les Islandais ont massivement rejeté par référendum samedi l’impopulaire accord financier Icesave avec plus de 90% de “non”, une victoire plus forte que prévue par les sondages qui a été immédiatement reconnue par le gouvernement.
“Les chiffres initiaux indiquent clairement que la version amendée en décembre de la législation Icesave d’août 2009 va être rejetée”, constate le gouvernement islandais dans un communiqué publié quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote à 22H00 GMT.
Selon des résultats portant sur 32% des bulletins dépouillés, le “non” a recueilli 93,1% des suffrages exprimés, contre 1,6% pour le “oui”, a annoncé la chaîne de télévision publique RUV.
Diminuant la portée de ces résultats, la Première ministre Johanna Sigurdardottir a déclaré qu’ils “ne sont pas une surprise” et qu’ils “ne constituent pas un choc pour le gouvernement”. “Le référendum passé, il est de notre devoir de reprendre la fin des négociations” avec Londres et La Haye, a-t-elle déclaré à la télévision.
“Le résultat peut être interprété comme un cri de défi ou comme une conclusion écrite d’avance”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Ossur Skarphedinsson aux journalistes après l’annonce des premiers résultats.
Quelque 230.000 électeurs étaient appelés à se prononcer sur un accord organisant le remboursement d’ici à 2024 par Reykjavik de 3,9 milliards d’euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur Internet islandaise Icesave en octobre 2008.
La participation, dont les chiffres définitifs doivent être annoncés plus tard dans la nuit, n’était que de 54,5 % une heure avant la fermeture des bureaux de vote, moins élevée que lors des élections législatives d’avril dernier.
à Reykjavik le 6 mars 2010 (Photo : Halldor Kolbeins) |
La perspective d’un “non”, jugé difficilement évitable dès la convocation du référendum par le président islandais début janvier, a poussé Reykjavik à tenter ces dernières semaines -jusque-là en vain- de trouver un nouvel accord avec Britanniques et Néerlandais.
Le gouvernement islandais indique samedi soir qu’il va “continuer dans les prochains jours ses efforts déterminés pour trouver une solution satisfaisante” avec Londres et La Haye sur Icesave.
“Nous allons faire une pause pendant quelques jours”, a cependant indiqué le chef de la diplomatie, interrogé sur les intentions de son gouvernement.
Paradoxalement, l’Islande a obtenu lors des toutes dernières négociations une meilleure offre que le texte soumis au vote, amenant le gouvernement islandais à considérer le référendum comme “sans signification” car portant sur un texte “obsolète”.
Seuls présents dans une campagne où personne n’a appelé à voter “oui”, les opposants du texte Icesave ont souligné qu’il était injuste de faire peser une facture aussi lourde -près de 100 euros par habitant et par mois pendant huit ans- sur les épaules d’un pays ruiné par l’effondrement de ses banques.
Selon les analystes, la principale conséquence d’un “non” serait de retarder le versement de prêts provenant du FMI et des pays nordiques. Mais il pourrait aussi affaiblir un gouvernement déjà critiqué pour consacrer trop de temps à Icesave ou même entraver la candidature de l’Islande à l’UE.