Quinze ans après, les Tunisiens sont fiers d’avoir «inventé» la mise à niveau.
De fait, ce concept n’existait pas, du moins en Tunisie, avant 1995 et l’Accord
d’association conclu avec
l’Union européenne le 17 juillet de cette année-là, et
les Tunisiens l’ont, en quelque sorte, inventé. Pour les interlocuteurs
européens et autres de la Tunisie, se rappelle M. Abdelhamid Triki, secrétaire
d’Etat auprès du ministre du Développement et de la Coopération internationale
-à l’époque membre de l’équipe des négociateurs tunisiens de cet accord-, le
concept de mise à niveau ne signifiait rien et n’avait lieu d’être et «seuls les
mécanismes du marché devaient» commander le processus d’ouverture de l’économie
tunisienne et son intégration dans l’espace euro-méditerranéen. Toutefois, après
coup, les Européens ont admis l’utilité de la mise à niveau, se félicite le
secrétaire d’Etat.
Mais d’avoir en quelque sorte imposé ce concept ne constitue pas la seule
satisfaction des Tunisiens. L’essentiel pour les pouvoirs publics est que la
mise à niveau ait permis d’atteindre l’objectif fixé : permettre au
tissu
économique tunisien de pâtir le moins possible de l’ouverture sur l’Union
européenne et d’en tirer un profit maximum.
Avec le recul, les responsables tunisiens ont presque envie de se moquer des
observateurs qui «s’interrogeaient sur la capacité de résistance du secteur
industriel tunisien face à la pression concurrentielle», car «les résultats
enregistrés sont contraires à ces appréhensions», observe
M. Afif Chelbi. Et le
ministre de l’Industrie et de la Technologie d’égrener quelques chiffres
illustrant les retombées positives de la mise à niveau : quadruplement des
exportations à 16 milliards de dinars, triplement des investissements à 1,4
milliard de dinars, progression notable du taux d’encadrement (de 9 à 19%), et
spectaculaire de ceux des entreprises équipées de XAO (de 50 à 2000), et du
nombre des entreprises certifiées (de 6 à 1.300), etc.
Mais le changement est également qualitatif. Estimant au nom de ses pairs
–“unanimes”, à ce sujet- que “le bilan de la mise à niveau est très positif”, M.
Tarek Ben Yahmed, membre du bureau exécutif de l’UTICA relève en particulier «un
changement de mentalité» chez les hommes d’affaires tunisien. «Aujourd’hui, nous
ne parlons plus de marché local, mais d’implantation à l’étranger», souligne ce
businessman opérant dans l’agroalimentaire.
Ces acquis «habilitent la Tunisie à entrer dans une nouvelle phase pour laquelle
nous avons de grandes ambitions», déclare
M. Mohamed Ghannouchi, dans son
discours d’ouverture du séminaire international sur la mise à niveau et la
modernisation industrielle, organisé vendredi 5 mars 2010 par le ministère de
l’Industrie et de la Technologie. Une nouvelle étape que les pouvoirs entendent
préparer en lançant un nouveau train de réformes visant à renforcer la
compétitivité de l’entreprise, notamment en améliorant davantage son
environnement, pour permettre une accélération de la croissance et, partant,
l’augmentation du nombre d’emplois créés en particulier au profit des diplômés
de l’université.
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