Total ferme la raffinerie de Dunkerque, les salariés contre la reconversion

[08/03/2010 18:51:15] LA DÉFENSE (AFP)

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és de Total manifestent devant le siège du groupe à La Défense, le 8 mars 2010. (Photo : Cor)

Les salariés de Total se sont élevés contre la fermeture de la raffinerie de Dunkerque annoncée lundi par le groupe pétrolier, qui s’est engagé à garantir les 370 emplois du site dans le cadre d’un projet de reconversion.

La décision est tombée sans surprise, lors d’un comité central d’entreprise sous tension à la Défense (Hauts-de-Seine), où plus de 300 manifestants s’étaient réunis, dont une bonne part venue par car depuis Dunkerque.

Invoquant l'”effondrement de la consommation de produits pétroliers”, la direction a affirmé que le redémarrage de la raffinerie du Nord n’était “plus envisageable”.

Le démontage progressif des unités pourrait durer jusqu’en 2013. La France, où la dernière fermeture d’une raffinerie remontait aux années 80, ne comptera plus que 11 raffineries (dont cinq de Total) contre 24 en 1977.

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ès aux étages dans le siège de Total à La Défense, le 8 mars 2010

Total a promis de maintenir une activité industrielle sur Dunkerque, en installant avec EDF d’ici 2014 un qui permettrait de créer une cinquantaine d’emplois directs, en priorité réservés au personnel de la raffinerie. Un projet reçu “très positivement” par le gouvernement.

La raffinerie elle-même serait reconvertie autour de trois activités: un centre d’assistance technique aux opérations de raffinage (180 personnes), un centre de formation (25 personnes) et un dépôt logistique (15 personnes).

En outre, 80 postes seront proposés aux salariés dans d’autres raffineries du groupe, 30 dans d’autres structures de Total et 20 personnes pourront bénéficier d’une “fin de carrière anticipée”.

“Total ne licencie personne”, a affirmé le directeur du raffinage Michel Bénézit, en précisant le groupe n’avait pas d’obligation légale vis-à-vis des 400 à 450 salariés des sous-traitants.

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ès de Dunkerque, le 9 décembre 2009 (Photo : Philippe Huguen)

Les garanties apportées par le géant pétrolier n’ont pas apaisé les syndicats, à l’origine fin février d’une grève nationale d’une semaine, qui a fait planer la menace d’une pénurie de carburants et poussé le gouvernement à intervenir dans le dossier, avant les régionales du 14 et 21 mars.

L’arrêt de la raffinerie de Dunkerque a été jugée “inacceptable” par le PS, tandis qu’Alain Bocquet, député PCF du Nord, dénonçait des “méthodes d’un autre âge”.

Lors du comité central d’entreprise, une grande banderole “Non à la fermeture de la raffinerie des Flandres” a été déployée au pied de la tour Total, dont des manifestants en bleu de travail ont tenté de forcer l’entrée, avant d’être refoulés par les forces de l’ordre.

Pour la CGT, “le projet de la direction d’aujourd’hui est une véritable provocation”. Le syndicat, majoritaire dans le groupe, menace de saisir la justice car Total aurait “créé les conditions pour nous mettre devant les faits accomplis” d’arrêt de l’activité.

Pour Sud, majoritaire à Dunkerque, “on ne veut pas de ces nouvelles activités, on est des raffineurs”. Une assemblée générale des salariés de la raffinerie est prévue mardi.

Selon FO, “un avenir industriel pour la France, comme le veut le gouvernement, ce n’est pas un centre de formation ou de l’assistance technique”. Pour l’Unsa, “le gouvernement est en partie responsable puisque avec sa fiscalité sur les carburants il a favorisé le gazole et l’outil de raffinage n’est plus adapté”.

“On veut un projet industriel pérenne” faute de quoi “les collègues des autres raffineries sont prêts à nous suivre dans une nouvelle grève”, assurait Vincent Weisbecker, employé sur le site de Dunkerque.