écutif de l’Onusida, Michel Sidibé, le 24 novembre 2009 à Shanghai (Photo : Philippe Lopez) |
[08/03/2010 12:39:51] LAGOS (AFP) Les téléphones portables, omniprésents en Afrique, pourraient être l’arme ultime pour combattre le sida sur un continent souffrant de centres de soins mal équipés et d’infrastructures souvent délabrées, estime le directeur exécutif de l’Onusida, Michel Sidibé.
Malgré la quantité de moyens qui y ont été déversés au fil des ans, l’Afrique sub-saharienne, demeure la zone la plus touchée par la maladie, avec 67% des personnes infectées par le virus dans le monde, indique-t-il dans une interview à l’AFP lors d’un récent déplacement au Nigeria.
M. Sidibé, un Malien, est directeur du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) à Genève depuis décembre 2008.
“Vous pouvez évoquer différentes politiques, construire des locaux, mais vous ne pouvez lutter contre cette pandémie avec les seules approches habituelles”, relève M. Sidibé.
“Vous devez d’abord envisager une démarche locale, qui s’appuie sur des outils non conventionnels”, explique-t-il.
Il était temps que l’Afrique, chargée de tant de problèmes économiques, politiques et sociaux, revienne à des problèmes plus concrets, pense-t-il.
Avec une formation appropriée et outillée de téléphones portables, les villageois ou les communautés de quartiers pourraient devenir des acteurs du système de santé.
éléphones mobilesà Lagos (Nigéria), le 18 août 2008. (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
“Je ne pense pas que tous nos pays d’Afrique auront la possibilité d’attendre d’avoir assez de professionnels, de toutes façons, il n’y en aura pas assez (…) mais il est temps de renforcer notre capacité à utiliser la technologie moderne différemment”, estime Michel Sidibé.
Un grand opérateur de téléphonie mobile met ainsi en route un plan d’appels gratuits reliés à des spécialistes de santé qui pourront donner des conseils.
“C’est une formidable initiative. Elle a l’avantage que l’on ne soit pas obligé de se déplacer vers un centre où on peut être stigmatisé. Vous avez une communication gratuite et une qualité de conseils qui peut vous aider à prendre une décision”.
Michel Sidibé note que l’Afrique, un continent où le nombre de téléphones portables est l’un des plus élevé au monde, pourrait tirer partie des nouvelles technologies numériques pour être plus en contact avec les gens en matière de santé.
“Nous devons commencer à le mettre en place en Afrique, rappelons-nous que le nombre de téléphones portables y est plus élevé qu’en Amérique du Nord”, relève-t-il.
Le Nigeria compte plus de 70 millions de détenteurs de portables, soit un habitant sur deux.
Un projet est déjà mis en route dans deux Etats nigérians, ceux de Kaduna, dans le nord et d’Ondo dans le sud-ouest, où les personnels locaux de santé, qui ont parfois à peine suivi l’école jusqu’au secondaire, ont été formés à identifier les symptômes de maladies bénignes.
Ils parcourent les villages, examinent les patients et appellent depuis leur portable les personnels médicaux d’un centre de référence pour obtenir un diagnostic et des prescriptions.
“Les personnels locaux de santé se déplacent avec un portable connecté au personnel de l’hôpital de référence qui, en fonction de leurs observations, leur indique des médicaments. Avec ce moyen, on touche plus de monde et surtout les plus pauvres”, ajoute-t-il.
Malgré les mesures de prévention, qui ont empêché 400.000 nouvelles infections ces huit dernières années, l’Afrique sub-saharienne comptait en 2008 22,4 millions de personnes vivant avec le VIH, selon Onusida.
Environ trois millions de Nigérians, un peu moins de 5% de la population du pays le plus peuplé d’Afrique, vit avec le virus du sida.
M. Sidibé s’est rendu au Nigeria et en Afrique du Sud car, dit-il, ces deux géants économiques, totalisent plus de 50% des cas d’infection HIV en Afrique.