Mohamed Ghannouchi au séminaire sur le PMN : «C’est
l’environnement global de l’entreprise que nous avons voulu performant»
Grâce au PMN, la Tunisie est devenue le plus grand exportateur industriel vers l’UE
«Le
Programme de mise à niveau
émane d’une totale conviction
du gouvernement tunisien de la nécessité d’intégrer l’économie nationale
libéralisée dans la dynamique économique euro-méditerranéenne, dans un premier
temps, et mondiale dans un second temps. Pour ce, la Tunisie n’a pas attendu
l’entrée en vigueur de
l’Accord de libre-échange
avec l’Union européenne pour
compter sur ses propres moyens, en démarrant la mise à niveau des entreprises et
en procédant au démantèlement tarifaire», a déclaré Mohamed Ghannouchi, Premier
ministre, à l’ouverture du séminaire international organisé vendredi 5 mars à
Tunis par le ministère de l’Industrie et de la Technologie et intitulé : «Avec
la mise à niveau et la modernisation industrielle: prenez une technologie
d’avance».
Il
fallait mettre le tissu industriel tunisien au niveau des exigences du
libre-échange et de la circulation des biens et des services dans le cadre des
accords de l’OMC et plus particulièrement de la ZLE avec l’Union européenne. Les
entreprises tunisiennes devaient être productives et compétitives. Pour réaliser
ces objectifs, soutenir l’entreprise par le biais de subventions était
impératif. Le Programme de Mise à Niveau (PMN), explique Amara Meftahi,
directeur général du
Bureau de Mise à Niveau de l’Industrie, s’est donc attaqué
à deux fronts : l’investissement matériel par des aides en exigeant 20% de fonds
propres et 10% d’autres ressources, et l’investissement immatériel comprenant
70% du coût (sans plafond) et 70% du coût du diagnostic.
Depuis son lancement, le PMN a enregistré l’adhésion de 4.534 entreprises et a
approuvé 3.092 projets. Les investissements de la mise à niveau ont atteint les
5.206 MDT. Les investissements immatériels se sont élevés à 601 MDT et les
primes accordées à 718 MDT. 4.576 entreprises ont été touchée par le PMN contre
3.000 ciblées, celles titulaires d’une certification répondant aux normes
internationales ont atteint le nombre de 1.300 entreprises contre 6 seulement
1995, sans oublier le nombre d’entreprises qui ont adopté des systèmes
technologiques modernes et qui a dépassé les 2.000.
Les entreprises qui ont intégré les programmes de mise à niveau ont été les plus
performantes du point de vue du chiffre d’affaires, de l’exportation, de
l’emploi et du taux d’encadrement (19% contre 9% en 1995). L’incidence sur
l’emploi, une priorité nationale, est importante, puisque de 55.000 emplois
annuels entre 1993 et 1995, on en est à 85.000 emplois entre 2006 et 2009.
Conséquence de la politique de soutien aux entreprises, les exportations
industrielles sont passées à 18.7 milliards de dinars en 2008 faisant de la
Tunisie le pays sud méditerranéen le plus grand exportateur vers l’UE. Le rythme
des investissements industriels est, pour sa part, passé de 0,58 milliard de
dinars en 1995 à 1,4 milliard de dinars en 2008. Le nombre d’entreprises
industrielles employant 10 personnes a triplé entre 1995 et 2009 pour atteindre
5.747 entreprises. L’industrialisation progressive de l’économie tunisienne a
été accompagnée d’une forte augmentation des emplois, passant de 236.000 en 1995
à 488.000 en 2009.
Observons au passage que ces performances n’ont cependant pas réussi à absorber
le nombre croissant des diplômés du supérieur demandeurs d’emplois et qui va
croissant.
L’industrie tunisienne a enregistré des progrès appréciables au niveau du
développement technologique, de sorte que la Tunisie est devenue une plateforme
de production euro-méditerranéenne pour les produits à haut contenu
technologique.
Les entreprises ne sont plus passives
«La réussite du PMN en Tunisie est la résultante d’une vision globale intégrant
le soutien de l’entreprise non pas par des investissements matériels visant
l’amélioration de la qualité des produits et la compression des coûts mais par
celle des cadres institutionnel, financier, humain et administratif dans
lesquels évolue l’entreprise», a affirmé le Premier ministre. Ceci passe par la
consolidation des infrastructures de bases, l’amélioration de la qualité des
ressources humaines, des logistiques de transport, dont un port en eau profonde
pour réduire les coûts, par la mise en place d’une logistique autour des ports
comprenant des zones industrielles et technologiques ainsi que le développement
des infrastructures routières et du réseau de télécommunication. Mais pas
seulement, assure M. Ghannouchi, l’Etat déploie des efforts substantiels pour
aplatir tous les obstacles légaux et organisationnels menaçant l’essor et le
développement entrepreneurial dans notre pays en renforçant et enrichissant les
réglementations pour les adapter aux nouvelles réalités économiques vécues par
l’entreprise, en allégeant le poids fiscal, en réduisant les coûts des tarifs
douaniers qui ont baissé ces dernières années de 50% et en entreprenant la
démarche progressive de convertir le dinar pour permettre une plus grande
ouverture de la Tunisie sur l’environnement économique international.
Autre avantage du PMN, la naissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs
plus agressifs, plus audacieux et plus ambitieux qui ne se contentent plus des
frontières nationales mais qui s’implantent à l’international et se montrent de
plus en plus soucieux de conquérir de nouveaux marchés. On n’est plus à la
passivité et à l’assistanat mais à l’indépendance et la réactivité.
Economie verte : facteur important de compétitivité
Mohamed Ghannouchi a également évoqué les principales orientations devant être
intégrées dans le programme de mise à niveau et de modernisation des entreprises
industrielles insistant sur l’importance de renforcer les relations de
partenariat entre les entreprises industrielles et les centres de la recherche
scientifique. «Les entreprises doivent, elles-mêmes, avoir leurs propres
structures de recherche et développement», a précisé le Premier ministre qui
s’est appesanti sur l’importance de l’intégration de l’entrepreneuriat tunisien
dans la nouvelle mouvance de l’économie mondiale, à savoir l’économie verte. Car
qui pourrait douter aujourd’hui de l’importance de la prise en compte des
facteurs environnementaux, de la préservation des
ressources naturelles (eau) et
de l’économie d’énergie en tant que facteurs de compétitivité déterminants sur
les marchés internationaux. Jamais le Premier ministre n’aurait autant insisté
sur le respect des normes environnementales dans les activités industrielles qui
doivent désormais être orientées vers le développement durable.
La Tunisie qui œuvre depuis des années à encourager le renforcement d’une
économie orientée vers les secteurs innovants et à valeur ajoutée, a réussi à
développer sa part des exportations industrielles dites « intensives en
technologies » dans les exportations globales et qui ont doublé en 13 ans
passant de 12% en 1995 à 25% en 2008, la Banque Mondiale aurait même estimé ce
chiffre à 30%.
Son ambition ne s’arrête pas là, elle table sur une montée en gamme et un
développement des secteurs émergents et à haut contenu technologique, en vue de
faire passer la part des activités technologiques dans les exportations
industrielles de 25 à 50% à l’horizon 2016 sans oublier l’intégration de la
composante environnementale dans toutes ses activités industrielles.
L’économie du savoir à contenu technologique et l’industrie intelligente peuvent
être des atouts importants pour la Tunisie grâce au renforcement des capacités
de production des entreprises à capital tunisien ou étranger et qui profitent de
la qualité des ressources humaines et de l’enseignement, particulièrement en
ingénierie. «Nous comptons porter le nombre d’ingénieurs de 5.000 en 2009 à
7.000 en 2011 et 9.000 en 2014», a assuré M. Ghannouchi, qui a précisé que les
diplômés du supérieur dans notre pays bénéficient de certifications en
compétences émanant d’institutions internationales indépendantes.
Le Premier ministre a évoqué les nouveaux objectifs qualitatifs de la prochaine
étape ambitionnant l’amélioration du revenu pour atteindre un revenu individuel
moyen de 7.000 dinars en 2014 et la couverture de toutes les demandes
additionnelles d’emploi, et partant, la réduction du chômage d’un point, le
renforcement des bases de l’économie du savoir et la transformation de la
Tunisie en un pôle technologique avancé.
Pour ce, tant les entreprises que les pouvoirs publics doivent œuvrer à
renforcer le développement des bonnes pratiques et d’une saine gouvernance qui
assure un climat d’affaires, rassurant, sécurisant et épanouissant pour le bien
de l’économie et du pays.