L’idée d’un Fonds monétaire européen suscite des divergences

[08/03/2010 19:57:18] BRUXELLES (AFP)

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éen aux Affaires économiques, Olli Rehn, le 1er mars 2010 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

L’idée d’un Fonds monétaire européen pour les pays en difficulté fait son chemin à la lumière de la crise financière grecque, qui a mis en évidence les lacunes de la zone euro, mais des divergences apparaissent déjà sur sa finalité exacte.

“La Commission est prête à proposer un tel instrument européen qui a le soutien des membres de la zone euro”, a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans une interview publiée lundi.

Dès mardi, M. Rehn compte “informer” tous les membres de l’exécutif européen des “discussions en cours” sur le sujet, en vue de propositions qui seront faites d’ici à fin juin, a dit lundi son porte-parole.

En tout état de cause, un tel Fonds ne servirait pas à la Grèce, mais pour les crises à venir.

Les problèmes budgétaires grecs ont suscité un débat sur la nécessité pour la zone euro de se doter d’un mécanisme d’entraide financière, ce qui constituerait une révolution pour l’Union économique et monétaire mise en place en 1999.

Un tel mécanisme n’a pas été prévu en raison du blocage à l’origine de l’Allemagne qui y voyait un encouragement au laxisme budgétaire pour les pays du Sud de l’Europe.

L’ampleur de la crise grecque a toutefois changé la donne. “Pour la stabilité de la zone euro, nous avons besoin d’une institution qui dispose des expériences du FMI et de pouvoirs d’intervention analogues”, a dit le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

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äuble, le 6 février 2010 lors d’une réunion ministérielle du G7 à Iqaluit, au Canada (Photo : Geoff Robins)

Il compte faire “prochainement des propositions”, en liaison avec la France, a ajouté lundi son porte-parole. “Une Union monétaire doit être en mesure de surmonter elle-même les crises”, car demander de l’aide à l’extérieur, comme au FMI, serait “un signe d’affaiblissement de cet espace”, a-t-il argumenté.

Reste à déterminer le mode précis de fonctionnement du mécanisme, ce qui promet un débat animé.

Les prêts du Fonds européen auront pour contrepartie “des conditions strictes” comme des économies budgétaires ou des réformes parfois impopulaires, a averti M. Rehn. Les Allemands insistent beaucoup sur cet aspect.

Selon le Financial Times Deutschland, Berlin souhaiterait même renforcer l’arsenal des sanctions contre les pays de la zone euro laxistes sur le plan budgétaire, avec deux options envisagées : suppression de subventions européennes et retrait pendant au moins un an des droits de vote aux réunions ministérielles de l’UE.

La France, par la voix d’une source gouvernementale, a jugé lundi que la création d’un Fonds européen était “plutôt une bonne idée”, tout en considérant que les instruments proposés par l’Allemagne sont “très, très lourds” et rendent nécessaire “une modification des traités”.

“Ce n’est pas un sujet pour les semaines à venir, c’est un sujet pour les mois et les années à venir”, a ajouté cette source.

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ésident du Parti socialiste européen, Poul Nyrup Rasmussen, le 5 juin 2009 à Madrid (Photo : Javier Soriano)

D’autres préfèrent insister sur le volet aide financière d’un tel Fonds, plutôt que sur les contreparties à fournir.

Le président du Parti socialiste européen, Poul Nyrup Rasmussen, a ainsi jugé lundi les propositions allemandes trop rigides à son goût. “Le Fonds ne devrait pas se résumer au respect de règles et à des sanctions, mais réfléchir au meilleur moyen de soutenir la croissance de la zone euro”, a-t-il dit à l’AFP.

Quant aux membres de la Banque centrale européenne, ils rejettent strictement l’idée d’une entraide financière entre pays de la zone euro.

“Un tel mécanisme ne serait pas compatible avec les fondements de l’Union monétaire”, où chaque pays doit porter la responsabilité de ses dettes, et risquerait de “saper l’acceptation de l’euro”, a mis en garde son chef économiste, Jürgen Stark, dans une tribune de presse à paraître mardi.