Un bébé-robot pour redonner aux Japonais l’envie de faire des enfants

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étudiant de l’université de Tsukuba, au Japon, câline un bébé-robot le 12 février 2010 (Photo : Kazuhiro Nogi)

[10/03/2010 08:32:06] TSUKUBA (AFP) Il glousse et agite ses pieds si vous remuez son hochet mais rouspète et pleure si vous le chatouillez trop: rencontre avec Yotaro, un robot japonais aussi capricieux qu’un vrai bambin.

Ce bébé-robot a des airs d’extra-terrestre avec ses yeux bleus lumineux et ses joues énormes, mais des étudiants en école d’ingénieur espèrent qu’il redonnera aux jeunes l’envie de pouponner, dans un Japon où les naissances se font de plus en plus rares.

“Yotaro est un robot conçu pour réagir comme un vrai bébé lorsqu’on le touche”, explique Hiroki Kunimura, un étudiant du laboratoire de robotique et de sciences comportementales de l’université de Tsukuba, au nord de Tokyo.

Son visage, en silicone translucide rosé, est illuminé de l’intérieur par un projecteur connecté à un ordinateur. L’image expressive projetée varie pour simuler les pleurs, les éternuements, le sommeil et le sourire, tandis que ses cris retentissent dans un haut-parleur.

Le bébé grimace et remue ses bras ou ses jambes lorsque l’on touche les différentes parties de son corps pourvu de capteurs sensoriels. Son humeur varie en fonction de la fréquence des contacts physiques.

Si Yotaro s’enrhume, une pompe à eau laisse couler de ses fausses narines des gouttelettes d’eau à température du corps.

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étudiant de l’université Tsukuba au Japon s’occupe d’un bébé-robot le 12 février 2010 (Photo : Kazuhiro Nogi)

Yotaro a certes une tête en forme de ballon de baudruche et des expressions faciales caricaturales, mais ses inventeurs espèrent qu'”il pourra aider les jeunes parents à apprendre à élever un enfant”, selon Masatada Muramoto, un autre étudiant membre de l’équipe de recherche.

Yotaro est né dans un pays où des robots expérimentaux sont réceptionnistes, vigiles, éboueurs, femmes de chambre, ouvriers d’usine ou mannequin.

En 2007, un premier robot-enfant était né, CB2. Bardé de quelque 200 capteurs sensoriels et 56 micro-moteurs, ce jeune humanoïde haut de 1,3 mètre pouvait progresser en reproduisant les gestes des adultes comme le ferait un poupon imitant sa mère.

L’université d’Osaka (centre-ouest) a pour sa part dévoilé la semaine dernière un robot métallique qui rampe comme un bébé, dans le cadre d’un projet de recherche destiné à comprendre la manière dont l’être humain apprend à se mouvoir et à parler.

Cet androïde en devenir de 50 centimètres et de 3,5 kg répond au doux nom de M3-Neony. Il est équipé de 22 moteurs et de 90 capteurs, ainsi que de microphones placés dans ses yeux et ses oreilles, pour lui permettre d’identifier une personne. Lorsqu’on lui demande de s’avancer, cet humanoïde en couche-culotte bouge ses pieds et ses bras et apprend peu à peu à se déplacer en rampant sur le ventre, explique le chef de projet Minoru Asada.

Confronté à une inquiétante crise démographique, le Japon développe des robots qui sont censés faciliter la vie des humains et les encourager à procréer en les déchargeant de tâches ingrates, dangereuses ou pénibles.

Il imagine aussi des personnes qui surmonteraient leur timidité en s’entraînant à communiquer avec un robot. Yotaro et M3-Neony pourraient en ce sens aider les couples à prendre confiance en eux et à ne pas percevoir l’éducation comme une tâche insurmontable. Sans sursaut des naissances, en 2050, 40% de la population japonaise aura plus de 65 ans, préviennent les démographes.

Les étudiants de Tsukuba jugent que les Japonais s’entendront bien avec Yotaro. Contrairement aux sociétés occidentales, “les Nippons ont toujours accueilli les robots avec enthousiasme, ils ne les voient pas comme une menace mais comme des êtres avec lesquels on peut développer une relation amicale”, souligne M. Muramato.