La Grèce à nouveau paralysée par une grève générale

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à Athènes. (Photo : Louisa Gouliamaki)

[11/03/2010 14:12:48] ATHENES (AFP) La Grèce était à nouveau paralysée jeudi par une grève générale et des manifestations, émaillées de violence, à l’appel des syndicats qui veulent montrer au gouvernement qu’ils ne baisseront pas la garde devant les mesures d’austérité.

En début d’après-midi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les avenues du centre d’Athènes pour protester contre les mesures de rigueur et des dizaines de jeunes masqués et cagoulés ont attaqué les forces de l’ordre en début et fin de manifestation à coup de cocktails Molotov et de divers projectiles. Les forces ati-émeutes ont répondu par des jets de gaz lacrymogènes.

Les jeunes ont brûlé une voiture plusieurs poubelles et endommagé des vitrines de magasins et des vitres d’abris-bus. La police avait procédé en milieu d’après-midi à cinq interpellations.

Les grévistes protestaient contre les mesures qui prévoient notamment des hausses de la TVA et qui frappent la Fonction publique par la quasi-suppression du 14ème mois. Ces mesures ont été prises par le gouvernement socialiste sous la pression de l’Union européenne qui a placé le pays sous tutelle.

Les syndicats avaient déjà manifesté le 24 février et le 5 mars, jour du vote des dispositions au Parlement.

Jeudi les transports aériens étaient cloués au sol, les trains n’ont pas quitté les gares et les bateaux sont restés à quai.

Seule une ligne de métro fonctionnait à Athènes pour permettre aux grévistes de se rendre aux manifestations prévues à la mi-journée. Les autres transports urbains, métro, bus, trolleys, tramways étaient, eux, à l’arrêt.

La grève a également entraîné la fermeture des écoles et des administrations, tandis que les banques et les grandes entreprises du secteur public tournaient au ralenti. Les hôpitaux publics fonctionnaient grâce au personnel d’astreinte.

Le pays est privé de toute information diffusée par les radios et les télévisions en raison du ralliement du syndicat des journalistes. Les journaux ne paraîtront pas vendredi.

“La participation des travailleurs à la grève a touché les 90%, des milliers de travailleurs de tous les secteurs ont manifesté et protesté contre les mesures économiques et la politique sociale injuste”, a affirmé un communiqué de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, un million de membres), organisatrice de la grève avec la Fédération des fonctionnaires (Adedy, 375.000 adhérents).

“Même s’ils nous terrorisent, les mesures ne passeront pas”, “nous sommes des hommes, pas des numéros”, affirmaient des banderoles des deux centrales. “L’Europe doit changer où elle sombrera”, criaient des grévistes.

“Aucun sacrifice pour la ploutocratie”, “guerre aux capitalistes, c’est la réponse des ouvriers”, ont scandé des milliers de militants du PAME, le front de lutte syndicale du parti communiste ultra orthodoxe (KKE).

A Salonique, la deuxième ville dans le nord du pays, deux manifestations ont réuni au total quelque 10.000 personnes, selon la police locale. Des jeunes ont cassé deux vitrines de magasins dans le centre ville.

Ces manifestations interviennnent alors que les partenaires européenns de la Grèce, l’Allemagne et la France en tête planchent sur l’idée de créer, sur le modèle du Fonds monétaire international (FMI), un mécanisme d’entraide pour les pays de la zone euro confrontés à des difficultés financières, comme la Grèce.

En outre les dirigeants français, allemand et de l’eurogroupe ont appelé jeudi à une enquête européenne sur la spéculation sur les produits financiers dérivés qui a visé la Grèce, et ont plaidé pour l’interdiction des “transactions spéculatives”, dans un courrier commun.