Logo de la banque HSBC (Photo : Fabrice Coffrini) |
[11/03/2010 16:56:25] GENEVE (AFP) La filiale helvétique d’HSBC Private Bank, qui avait minimisé l’ampleur du vol de données secrètes commis chez elle il y a trois ans, a reconnu jeudi que le délit avait permis à la France de récupérer des informations datant de 2006 sur 24.000 clients, dont 15.000 actuels.
“Il apparaît clairement aujourd’hui que le vol, qui a été perpétré par un collaborateur du service informatique, pourrait concerner quelque 15.000 clients existants dont les comptes ont été ouverts en Suisse avant octobre 2006”, a indiqué le PDG de la banque, Alexandre Zeller, lors d’une conférence de presse.
Au total, le vol concerne environ 24.000 détenteurs de comptes en 2006, mais 9.000 d’entre eux ont quitté depuis l’établissement bancaire, a précisé M. Zeller.
La filiale suisse de la banque britannique a pu réaliser ce décompte après avoir reçu le 3 mars “des copies d’une importante partie des données volées”, par le Procureur général de la Confédération.
Ce dernier avait lui-même obtenu les copies fin janvier de Paris qui, au grand dam de Berne, avait récupéré ces informations dérobées par l’ancien informaticien d’HSBC à Genève, Hervé Falciani, désormais réfugié dans le midi de la France.
Gênée par une affaire aussi rocambolesque que compromettante révélée en décembre 2009, la banque avait alors assuré qu'”à sa connaissance”, le vol ne concernait que “moins de 10 clients”.
A nouveau, elle a tenté de temporiser jeudi en expliquant que ces chiffres ne portaient que sur “moins d’un cinquième” des clients d’HSBC Private Bank dans le monde. Sans préciser la proportion pour la Suisse ni les montants concernés.
M. Zeller s’est par ailleurs dit convaincu que ces données “ne permettront pas à des tiers d’avoir accès à des comptes”.
La liste “concoctée” par M. Falciani contient des informations, mais elle est très difficile à déchiffrer car elle est “fragmentée et manipulée”, émanant de différentes sources, a-t-il encore expliqué à l’AFP.
“Ce sont des fichiers codés, cryptés pour lesquels M. Falciani a probablement essayé de créer des liens entre eux” mais “qui juridiquement, légalement, ne donnent aucune information consistante”, a-t-il assuré.
Selon le responsable, les noms de la liste ne sont par exemple pas forcément ceux des clients et peuvent être ceux “d’un avocat, un mandataire… ou quelqu’un qui reçoit le courrier tout simplement”.
Nombre de clients étrangers, qui n’ont pas déclaré à leur fisc les sommes cachées en Suisse, devraient toutefois commencer à trembler. Car les données, qui concernent des Français et des personnes “d’autres nationalités”, permettent tout de même d’avoir des éléments suffisants pour “porter atteinte à la sphère privée” de ces personnes, a reconnu la banque.
En clair, selon une source chez HSBC, cela signifie qu’il existe bel et bien pour certains les noms, numéros de compte et montants pouvant les mettre en difficulté. Paris, qui a constitué une liste de quelque 3.000 noms à partir des données de M. Falciani, n’a d’ailleurs jamais caché son intention de s’en servir.
Au total, l’affaire met en cause non seulement un secret bancaire helvétique déjà très écorné mais aussi la capacité des banques à éviter les fuites.
Illustrant la sidération générale devant les chiffres annoncés, l’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (Finma) a indiqué avoir ouvert une enquête contre HSBC pour “déterminer comment un vol de données d’une telle ampleur a pu se produire”.
Anticipant les attaques, HSBC a dit “tout mettre en oeuvre afin qu’une telle situation ne se reproduise plus” et assuré avoir consacré plus de 100 millions de francs suisses (68,40 millions d’euros) pour renforcer la sécurité informatique.