Les nanotechnologies trompent l’oeil et démentent les adages de grand-mère

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été de textiles Gunze, présenté le 18 février 2010, à l’exposition de Tokyo sur les nanotechnologies. (Photo : Karyn Poupee)

[12/03/2010 14:10:42] TOKYO (AFP) “Un maillot de corps blanc sale est impossible à ravoir”, “un pull chaud est un pull épais”, “une surface rayée est une surface fichue”, “les doigts sur l’écran laissent des traces”… toutes ces assertions tombent en désuétude avec les nanomatériaux et leurs troublantes propriétés.

Bien qu’elles inquiètent, en raison de leur caractère nouveau et de l’absence de preuve d’inocuité sur l’être humain, les nano-particules (quelques millionièmes de millimètres) et nanotechnologies présentent des caractéristiques physiques qui bousculent le bon sens commun et révolutionnent les produits du quotidien.

“Ce polo a beau être extrêmement fin et léger, il est paradoxalement très chaud, résistant, ne laisse pas passer l’air froid extérieur mais fait respirer le corps, et est ininflammable”, se félicite Akira Tanaka, un ingénieur de l’entreprise de textile japonaise Gunze.

Il faut cependant l’essayer pour en avoir le coeur net, car à vue d’oeil on demeure plutôt sceptique, habitués que nous sommes à relier les facultés thermiques d’un vêtement à son aspect visuel et à sa texture.

“Nous l’avons conçu en exploitant de nouvelles nanofibres codévelopées avec l’organisme de recherche public Nedo”, précise M. Tanaka.

Grâce aux nanotechnologies, Gunze a également tricoté des collants qui ne filent pas au moindre accrochage, ainsi que des maillots de corps blancs en coton amélioré. Ils ne rétrécissent pas au lavage et ne retiennent pas mordicus la sueur qui donne aux textiles blancs une couleur jaunâtre et une odeur âcre.

Tout comme son concurrent local Toray, partenaire de la populaire marque vestimentaire nippone Uniqlo, Gunze juge que, dans l’univers mondialement concurrentiel du textile, les Japonais ne peuvent espérer survivre que grâce à des sauts techniques.

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Fiche sur les nanotechnologies (Photo : Patrice Deré)

D’où les investissements en recherche et développement pour concevoir des fibres offrant des propriétés physiques, thermiques ou hygiéniques inédites.

Les industriels nippons misent aussi fortement sur les moyens inusités qui permettent d’observer et travailler l’infiniment petit pour économiser de l’énergie et autres ressources naturelles, en créant des films photovoltaïques malléables à couches fines et haut rendement, des matériaux de construction plus isolants ou encore des filtres pour dessaler et recycler l’eau.

La maîtrise des nanotechnologies permet aussi de fabriquer des masques de protection au maillage plus résistant à la chaleur humide et suffisamment fin pour ne pas laisser passer des virus et autres insanités, fait remarquer un responsable de la Nedo, Kei Kagiya.

Employés pour les textiles ou encore pour les cosmétiques, les nanomatériaux supposent aussi de nouveaux outils et procédés industriels.

Les Japonais pensent ainsi qu’il sera un jour possible de fabriquer des centaines d’écrans souples sur des rouleaux de plastique, pour nos futures télévisions de poche. Pour cela, ils prévoient d’utiliser des techniques d’impression à jet, afin de coucher des matériaux électroluminescents organiques sur un film très fin, comme s’il s’agissait bêtement d’imprimer un motif sur un rouleau de papier.

Les nano-matériaux constitutifs de peintures, gels et vernis donnent quant à eux aux objets qu’ils recouvrent des nuances et particularités étonnantes.

Ainsi pourra-t-on peut-être un jour récurer une plaque de cuisson vitrocéramique avec une brosse de métal dur sans la rayer: elle cicatrisera seule. De même, grâce à de nouveaux filtres, les traces de doigt ou marques de stylet n’affectent-elles déjà plus irrémédiablement les récents écrans tactiles.

Ces derniers deviennent en outre plus lumineux et restituent des images encore plus fidèlement, sans reflet, grâce à de nouveaux matériaux transparents.