Tunisie: Qui doit faire de l’Intelligence économique,
l’entreprise ou l’Etat ?
La
nouvelle a été annoncée par M. Chokri Mamoghli, secrétaire d’Etat chargé du
Commerce extérieur lors d’un séminaire organisé sur le thème : «l’intelligence
économique au service de l’entreprise» (La Manouba 9 mars 2010).
La démarche à suivre en matière d’IE consiste à bien connaître son concurrent, à
sensibiliser les acteurs économiques aux risques et enjeux, à former et à
accompagner les entreprises dans leur quête de débouchés.
La Tunisie peut, effectivement, tirer un grand profit de l’Intelligence
économique pour booster la compétitivité de ses entreprises, et ce en
développant les pôles de compétitivité (clusters) et la réseautique.
L’intelligence économique est retenue, de nos jours, comme le marketing le plus
indiqué, pour s’adapter aux évolutions du 21ème siècle. Parmi ces évolutions, il
y a lieu de citer le changement des équilibres internationaux avec la montée de
pôles émergents et son corollaire la recrudescence de la concurrence.
L’avenir est, désormais, à celui qui disposerait de bonnes informations pour
mettre en place des stratégies efficientes devant permettre une bonne
connaissance des marchés et des environnements des affaires concurrents.
Peu connue en Tunisie, l’intelligence économique (IE), ensemble des activités
coordonnées de collecte, de traitement et de diffusion de l’information utile
aux acteurs économiques, accuse un grand retard dans notre pays.
Au Maroc, pays comparateur de la Tunisie, l’IE est assez développée. Ce sont les
consortiums d’entreprises marocains, particulièrement ceux opérant dans la
filière textile qui pilotent l’Intelligence économique.
Pour l’histoire, cette culture du renseignement a permis aux Américains de
développer les premiers systèmes de traitement électronique de l’information
(ordinateurs) vers 1942 (von Neumann), en vue de la reconversion de l’industrie
américaine en économie de guerre, qui fut le plus grand projet mondial de
l’Histoire.
Mais empressons-nous de préciser que «l’Intelligence économique se distingue de
l’espionnage économique car elle se développe ouvertement et utilise
principalement des moyens légaux».
Perçue ainsi, l’intelligence économique se résume, selon le français
M. Alain
Juillet, haut responsable chargé de l’intelligence économique au secrétariat
général de la défense nationale (SGDN), jusqu’au 29 mai 2009, et auteur d’un
ouvrage sur l’IE, par une trilogie : veille (acquérir l’information stratégique
pertinente), plus de protection du patrimoine informationnel (ne pas laisser
connaître ses secrets), plus d’influence (propager une information ou des normes
de comportement et d’interprétation qui favorisent sa stratégie).
Dans cette optique, il importe d’opter pour la prospective (savoir vers quoi on
va), la veille technologique légale, l’analyse par recoupement pour éviter
d’être induit en erreur (20% des informations diffusées dans le monde sont
fausses) et la persuasion des entreprises de l’enjeu de se protéger ensemble en
réseaux.
Reste à savoir qui doit faire de l’IE : l’entreprise où l’Etat ? En principe,
les deux avec une nuance. Quand les entreprises ne peuvent pas faire de
l’intelligence économique, c’est à l’Etat d’en développer une expertise et de
mettre ses résultats à la portée des PME.
Globalement, il s’agit de collecter et d’analyser, le premier, l’information
recueillie pour en faire une recette à la portée des entreprises du pays
lesquelles doivent être impérativement persuadées du bien-fondé des stratégies
arrêtées aux fins de fédérer les intérêts et d’être meilleures ensemble que tout
seul.