çaise de l’Economie Christine Lagarde au lycée français de New-York le 13 mars 2010 (Photo : Stan Honda) |
[15/03/2010 13:25:04] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro tentent de préciser lundi les modalités d’un éventuel plan de soutien financier de plusieurs milliards d’euros à la Grèce, sur fond de tensions croissantes entre la France et l’Allemagne concernant les priorités économiques du moment.
Les grands argentiers des pays partageant l’euro se réunissent à Bruxelles partir de 16H00 GMT.
Les pays européens travaillent depuis des semaines sur un tel mécanisme. Deux options seraient désormais sur la table: soit la mise en place d’une facilité de prêts financés par les pays européens, soit la création d’une facilité de prêts financés via des emprunts réalisés par la Commission européenne, avec des garanties des Etats.
Le montant du dispositif se situerait entre 20 et 25 milliards d’euros.
Prudente, la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a prévenu samedi qu’elle ne s’attendait “certainement pas à ce qu’une décision soit prise” lundi sur le plan d’aide, “parce que c’est tout à fait prématuré”.
Toutefois, “je suis assez optimiste qu’on aura un résultat lundi” sur les options possibles, estime une source européenne, même si les ministres ne communiqueront pas forcément dessus publiquement.
Pressés par la crise grecque, les ministres devraient aussi débattre du projet allemand controversé à plus long terme d’un Fonds monétaire européen, permettant d’aider les pays confrontés à de graves problèmes de financement.
Mais le sujet suscite la discorde en Europe. La Grande-Bretagne juge que ce n’est pas nécessaire et pour la France il ne s’agit pas d’une priorité, comme Mme Lagarde l’a réaffirmé dans une interview publiée lundi par le Financial Times.
Selon la ministre, la zone euro doit d’abord s’assurer que la Grèce respecte les mesures d’austérité auxquelles elle s’est engagée, puis faire montre “d’un peu de créativité et d’innovation” pour utiliser les règles européennes en vigueur afin de renforcer la discipline budgétaire. Pas besoin donc de changer le traité, contrairement à ce que demande l’Allemagne.
La France et l’Allemagne divergent en effet aussi sur la finalité du Fonds monétaire européen, et plus largement sur les priorités économiques de la zone euro.
Les Allemands veulent que cet outil serve essentiellement à durcir la discipline budgétaire des Etats de la zone euro, avec des sanctions renforcées.
“Nous avons besoin du FME parce qu’il nous faut des règles plus contraignantes. Le Pacte de stabilité ne suffit pas”, a dit lundi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, dans une interview.
Et il faut “en ultime recours, avoir la possibilité de retirer de la zone euro un pays qui ne parvient pas à remettre de l’ordre dans ses finances”, a-t-il ajouté.
La France s’agace de cette insistance de Berlin. La coordination économique “ne peut seulement être une question d’application des principes de déficit”, a dit Mme Lagarde au Financial Times.
Un même clivage sépare Paris et Berlin au sujet de la nouvelle stratégie économique à laquelle l’Union européenne réfléchit pour les dix ans à venir, avec un “gouvernement” pour la piloter.
Pour la France, les priorités sont ailleurs. Mme Lagarde a critiqué de front lundi l’orientation de l’économie allemande, qui repose trop à ses yeux sur les exportations et la limitation des coûts salariaux, et pas assez sur la demande interne. Un élément de déséquilibre pour l’ensemble de la zone euro à ses yeux.
“Je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l’ensemble du groupe” de la zone euro, souligne-t-elle.