ésident de la BCE, Jean-Claude Trichet (C) et le ministre grec des Finances Giorgios Papaconstantinou (G), le 15 mars 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet) |
[16/03/2010 06:06:41] BRUXELLES (AFP) Les ministres européens des Finances se réunissent au grand complet ce mardi pour examiner notamment le suivi de la mise en demeure adressée à la Grèce en février, au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe qui planchait sur un éventuel plan de soutien de plusieurs milliards d’euros à Athènes.
Les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d’accord lundi soir sur les grandes lignes d’un plan d’aide financier de plusieurs milliards d’euro pour aider si nécessaire la Grèce en crise, mais sans révéler beaucoup de détails.
“Nous avons clarifié les modalités techniques qui nous permettront de prendre une action coordonnée” pour aider la Grèce, a annoncé le président de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à l’issue d’une réunion de ce forum des grands argentiers à Bruxelles. Ce plan d’action, qui doit encore être faire l’objet d’une approbation par les chefs d’Etat et de gouvernement européens lors d’un prochain sommet, “pourra être activé rapidement si une telle nécessité devait se présenter”, a-t-il dit à la presse.
Et les pays de la zone euro “prendront une action déterminée et coordonnée si une telle action devait être nécessaire”, a souligné M. Juncker.
Toutefois, à ce stade “l’Eurogroupe tient à souligner que les autorités grecques n’ont pas demandé une aide financière”, a-t-il dit. Et “nous pensons que la question ne se posera pas”, a-t-il précisé, en saluant à nouveau les mesures d’austérité prises par le gouvernement grec.
Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a estimé que le pays était désormais “en bonne voie” pour atteindre son objectif de réduire cette année de quatre point de pourcentage son déficit public, par rapport aux 12,7% du PIB de l’an dernier. Les deux hommes n’ont pas donné de précisions sur le volume des mesures envisagées. Mais, selon une source informée, un montant de 20 à 25 milliards d’euros est évoqué.
M. Juncker a parlé “des aides bilatérales” d’autres pays de la zone euro sous forme de prêts à la Grèce, avec néanmoins des taux d’intérêts élevés pour ne pas faire de cadeau au pays et “l’inciter fortement” à retourner rapidement vers les marchés pour trouver de l’argent.
Mais il indique que le mécanisme envisagé, dont certains détails doivent encore être réglés, “n’incluera pas des garanties sur des emprunts” de la Grèce. En tout état de cause, tous les pays de la zone euro y participeraient, a-t-il souligné.
à Bruxelles le 16 février 2010 (Photo : Georges Gobet) |
Plombée par une dette de 300 milliards d’euros, la Grèce doit emprunter cette année quelque 54 milliards d’euros pour se refinancer, dont environ 20 milliards d’ici à mai.
Or, l’annonce d’un déficit 2009 beaucoup plus important que prévu dans le pays à la suite d’un changement de gouvernement a provoqué une crise de défiance des marchés à l’égard de ce pays.
Les discussions entre pays de la zone euro pour parvenir à l’accord de principe de lundi soir ont été difficiles ces dernières semaines. Plusieurs pays, Allemagne en tête, sont depuis le début très réticents à l’idée de devoir sortir leur chéquier pour la Grèce. Ils renvoient le pays à ses propres responsabilités.
La réunion de l’Eurogroupe s’est tenue de surcroît sur fond de tensions franco-allemandes autour des priorités économiques de la zone euro.
Paris s’agace de l’insistance de Berlin à vouloir surtout durcir la discipline budgétaire de pays membres, en allant jusqu’à l’exclusion des mauvais élèves. La ministre de l’Economie Christine Lagarde a critiqué de front l’orientation de l’économie allemande, dans une interview lundi au Financial Times. Celle-ci repose trop à ses yeux sur les excédents commerciaux et la modération salariale pour les dégager. Et pas assez sur la demande interne, ce qui constitue selon elle élément de déséquilibre pour l’ensemble de la zone euro.