Zone euro : les critiques de la France contre l’Allemagne font des remous

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ésident de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet (g) et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn à Bruxelles le 15 mars 2010 (Photo : Georges Gobet)

[16/03/2010 07:22:44] BRUXELLES (AFP) La France a reçu lundi le soutien remarqué de la Commission européenne dans son appel à l’Allemagne à rééquilibrer pour le bien de la zone euro son économie, trop tournée vers les excédents commerciaux, mais a essuyé aussi des critiques.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a souligné que des pays comme la Grèce, avec d’importants déficits de leur balance commerciale et de leurs comptes courants, d’une fait d’une baisse de leur compétitivité, constituaient un problème très important car ils contribuent aux écarts économiques croissants observés au sein de la zone euro.

Mais il a aussi souligné que “les pays disposant d’excédents de leurs comptes courants devraient promouvoir des réformes qui renforcent la demande intérieure”, dans une référence à la situation de l’Allemagne.

Le Finlandais était interrogé à l’issue d’une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles sur les critiques exprimées par la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, sur l’économie allemande et ses gigantesques excédents commerciaux, dans une interview publiée le même jour par le Financial Times.

Mme Lagarde a estimé que le modèle de croissance allemand était depuis longtemps trop tourné vers les exportations, et la limitation des coûts salariaux pour rendre les produits vendus à l’étranger le plus compétitif possible.

A son avis, l’Allemagne devrait davantage stimuler sa demande intérieure, ce qui permettrait aussi aux autres pays européens d’en profiter. Une telle stimulation passe par le relèvement du pouvoir d’achat, via des hausses de salaires ou des baisses d’impôt.

“Il est clair que l’Allemagne a accompli un extrêmement bon travail au cours des dix dernières années environ, améliorant la compétitivité, exerçant une forte pression sur ses coûts de main-d’oeuvre”, a-t-elle expliqué.

Mais “je ne suis pas sûre que ce soit un modèle viable à long terme et pour l’ensemble du groupe (de la zone euro). Il est clair que nous avons besoin d’une meilleure convergence”, a ajouté la ministre.

Si ce reproche français n’est pas nouveau, la franchise des propos de la ministre est inhabituelle à l’égard du principal partenaire de Paris en Europe.

Le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a pris ses distances avec les critiques de Mme Lagarde, jugeant que le problème allemand n’était pas prioritaire.

“La question se pose, mais pas avec la même urgence” que la question de la perte de compétitivité d’autres pays de la zone comme la Grèce, a-t-il dit.

“Je ne peux pas vraiment suivre la critique de (Christine) Lagarde sur l’Allemagne”, a aussi déclaré le ministre autrichien des Finances, Joseph Pröll à Bruxelles.

Sa collègue espagnole, Elena Salgado, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne, a elle laissé entendre qu’elle partageait sur le fond l’analyse française.

Le problème soulevé par Mme Lagarde est “une des questions qui ressort quand on parle de compétitivité et des déséquilibres dans la zone euro”, a-t-elle dit.

Mais elle dans le même temps signifié que Paris n’aurait pas dû porter le différend sur la place publique: “Une chose est ce qui est souhaitable pour un plus grand équilibre (de la zone euro) et une autre est de faire des recommandations d’un Etat à un autre dans ce sens”.