La Chine visée par un projet de loi américain sur les taux de change

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Des billets de 100 yuan (Photo : Frederic Brown)

[16/03/2010 18:03:29] WASHINGTON (AFP) Des sénateurs américains devaient déposer mardi un projet de loi pour pénaliser la manipulation des devises, un texte qui vise implicitement la Chine accusée par Washington de sous-évaluer sa monnaie, le yuan, afin de stimuler ses exportations.

Le texte vise à réformer et renforcer la surveillance des taux de change par les autorités monétaires américaines et le département du Commerce.

Le sénateur démocrate Charles Schumer, principal auteur du projet de loi, devait s’exprimer avec ses collègues lors d’une conférence de presse mardi au Capitole. Selon un résumé du projet de loi obtenu par l’AFP, le texte prévoit des “conséquences” pour les pays qui suivent une politique monétaire provoquant un déséquilibre des devises.

Le texte confirme l’obligation pour le Trésor d’identifier les pays sous-évaluant sciemment leur monnaie. Le Trésor doit également, selon le texte du projet de loi, engager des “consultations immédiates” avec ces pays.

Le texte prévoit ensuite que le département du Commerce enquête sur les monnaies sous-évaluées.

Les pays montrés du doigt par le Trésor seraient alors exposés à d’éventuelles ripostes, dont la possibilité de leur retirer le statut “d’économie de marché” dans le cadre des lois anti-dumping.

Cette mesure pénaliserait les exportations du pays visé qui se verraient appliquer un calcul anti-dumping défavorable.

Le document ne mentionne aucun pays mais lundi, 130 élus du Congrès ont appelé M. Geithner à stigmatiser la politique monétaire chinoise dans un rapport attendu le mois prochain.

“Il ne faut pas sous-estimer l’impact de la manipulation de la monnaie chinoise sur l’économie américaine”, ont estimé les élus.

Selon le texte de loi, l’Etat fédéral américain se verrait aussi interdire d’acheter des biens issus du pays visé, sauf si ce pays est signataire de l’accord plurilatéral sur les marchés publics de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce qui n’est pas le cas de la Chine.

Le texte vise également les investissements privés en interdisant tout financement ou assurance par l’agence américaine des financements privés à l’étranger (OPIC) dans un pays convaincu de manipulation du cours de sa monnaie.

Il empêcherait aussi tout nouveau financement si le pays concerné n’a pas adopté de “politique convenable” au bout d’un an.

Le projet de loi réclame également à Washington de demander au Fonds monétaire international (FMI) d’engager des discussions avec les pays désignés sur leur politique monétaire.

Le représentant américain au commerce (USTR) se verrait également demander de saisir l’OMC sur les cas de sous-évaluation présumés.

Les élus du Congrès ont régulièrement dénoncé ces derniers temps la politique monétaire chinoise. Le Trésor s’est montré plus prudent sur la question.

La Chine a repoussé mardi les accusations des parlementaires américains.

“Si certains aux Etats-Unis appuyaient leur appel en mettant en avant l’excédent commercial de la Chine et le déficit américain ainsi que les besoins pour la relance aux Etats-Unis, ce serait infondé et dépourvu de sens”, a déclaré le porte-parole du ministère du Commerce, Yao Jian.

“Les Etats-Unis ne peuvent pas demander aux autres (d’apprécier) leur monnaie pour l’expansion de leurs propres exportations”, a-t-il ajouté.