L’Allemagne s’isole en se posant en apôtre de l’orthodoxie budgétaire

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ère allemande Angela Merkel au parlement lors d’un débat sur le budget le 17 mars 2010. (Photo : Michael Kappeler)

[17/03/2010 14:36:42] BERLIN (AFP) La chancelière Angela Merkel a répété mercredi son opposition à un soutien de la Grèce et prêché l’orthodoxie budgétaire en Europe, au risque d’isoler l’Allemagne déjà sous le coup des critiques de ses partenaires sur sa politique économique.

Son ministre des Finances Wolfgang Schäuble l’avait déjà dit, la chancelière l’a répété avec force devant les députés allemands: la zone euro devrait pouvoir exclure un de ses membres, “quand il ne remplit pas les conditions” d’appartenance à la monnaie unique, et ce “encore et encore”.

La chancelière conservatrice a repris à son compte les propositions de M. Schäuble sur la création d’un Fonds monétaire européen (FME), qui, sur le modèle du Fonds monétaire international (FMI), viendrait en aide aux pays en difficulté.

Depuis que Berlin a mis sur la table cette idée, loin de faire l’unanimité en Europe, le discours allemand insiste de plus en plus sur les sanctions qui seraient attachées à ce mécanisme, à savoir en dernier recours cette fameuse exclusion de la zone euro, et de moins en moins sur l’aide qu’il apporterait.

“Le FME est un écran de fumée”, commentait le Financial Times cette semaine, “il ne s’agit pas d’aider les pays en difficulté, il s’agit de les aider à sortir” de la zone euro.

Et ce même si le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a jugé à plusieurs reprises “absurde” une exclusion de l’un ou l’autre membre de la zone.

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érence de presse le 16 mars 2010 à la fin d’une réunion européenne à Bruxelles. (Photo : Georges Gobet)

Dans le cas de la Grèce, qui se débat avec ses problèmes budgétaires, il ne saurait être question d’aide, a affirmé Mme Merkel mercredi. Ce ne serait “pas la bonne réponse”, selon la chancelière, qui prône de “s’attaquer à la racine” du problème. C’est-à-dire de laisser Athènes se débrouiller et tenter de regagner la confiance des marchés financiers à coups de mesures d’économie et de réformes.

Lundi, les ministres des Finances de la zone euro avaient mis au point les grandes lignes d’une aide éventuelle, qui pourrait être activée si la situation grecque empirait.

Mais pour le gouvernement allemand, confronté à une opinion publique résolument hostile à un sauvetage de la Grèce, ces dispositions n’ont pas valeur de “décision politique”.

L’obsession de l’orthodoxie budgétaire de Berlin irrite ses partenaires. Certes les déficits budgétaires excessifs de certains au sein de la zone euro sont un facteur de déséquilibre, mais, ces derniers jours, plusieurs responsables ont insisté sur l’importance des “autres déséquilibres” entre les pays européens.

Un message en direction de l’Allemagne, dont la balance commerciale et des paiements fortement excédentaires sont montrés du doigt depuis le début de la semaine. C’est la ministre de l’Economie française Christine Lagarde qui a initié la fronde, et mercredi elle a enfoncé le clou en enjoignant l’Allemagne de “baisser les impôts”, pour stimuler la consommation chez elle, et par ricochet les exportations de ses partenaires.

Les prises de position de Berlin en faveur de la rigueur budgétaire interviennent à un moment où l’Allemagne peut difficilement se poser en donneuse de leçon.

Le déficit budgétaire fédéral atteindra cette année un record, et mercredi Mme Merkel et son équipe se sont fait taper sur les doigts par Bruxelles: “la stratégie budgétaire présentée n’est pas suffisante”, a jugé la Commission européenne. “L’Allemagne est donc invitée à préciser la stratégie budgétaire qui lui permettra de corriger son déficit excessif”.

Mais sur ce point la chancelière, qui s’exprimait pourtant en plein débat budgétaire au Bundestag, n’a pas été très loquace.