Désaccord entre producteurs et industriels de lait sur la hausse des prix

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à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[18/03/2010 19:11:51] PARIS (AFP) Les discussions ont achoppé jeudi entre industriels et producteurs sur la hausse des prix du lait au 1er avril, un désaccord qui laisse planer la menace d’une énième crise dans un secteur en ébullition depuis des mois.

Réunis au sein du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), organisations patronales et syndicat devaient entériner la progression des indicateurs dits de “tendance”, qui servent de base pour fixer localement les prix de base du lait, chaque trimestre.

Ces négociations devaient être facilitées par un accord, signé le 3 juin par toute la filière sous la pression du gouvernement, soucieux d’éviter une aggravation des difficultés du secteur.

Selon cet accord, le prix de base du lait devait augmenter de 5,5 à 5,8% à compter du 1er avril jusqu’au 30 juin, par rapport au deuxième trimestre 2009. Entre janvier et mars, industriels, coopératives et producteurs s’étaient entendus pour une hausse comprise entre 3 et 8% des prix du lait.

Mais coup de théâtre, la fédération nationale des industries laitières françaises (FNIL) -patronat- dénonce le compromis, réclamant un alignement “immédiat” du prix du lait français sur celui de l’Allemagne, premier pays producteur en Europe et où le lait est moins cher.

“On ne cautionnera pas les indices de tendance des marchés laitiers au deuxième trimestre 2010”, a-t-elle souligné dans un communiqué.

“C’est inacceptable”, a aussitôt réagi Florence Loyer, de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), avertissant que son syndicat n’hésiterait pas à “bloquer les entreprises”. La FNPL a vu en 2009 une bonne partie de sa base se tourner vers ses rivaux, déçus de la voir signer un accord auquel elle était opposée.

Si elle juge que le prix du lait est de 15% plus cher en France par rapport aux autres pays européens, la fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) regrette toutefois “l’irréalisme” de la FNIL.

Désormais, les négociations devraient être engagées localement entre industriels et producteurs de lait, qui ont une dizaine de jours pour parvenir à un arrangement.

En l’absence d’accord, les prix ne bougeront pas, affirment les syndicats de producteurs et la FNCL.

“Ce serait dommageable pour nous et ce n’est pas acceptable”, dénonce Pascal Massol, le président de l’Association des producteurs laitiers indépendants (APLI), née de la désaffection des adhérents de la FNPL.

“Ca veut dire que la bataille pour le prix du lait va continuer (…) On ne lâchera pas tant qu’on n’aura pas gagné”, souscrit André Bouchut, secrétaire national de la Confédération paysanne.

Les producteurs de lait se battent depuis des mois pour obtenir un prix “correct” du lait, qui prendrait en compte les charges sociales. Ils réclament également une régulation du secteur au niveau européen pour éviter la volatilité des prix. Ces revendications ont donné lieu en 2009 à des grèves aussi bien sur le plan européen qu’en France.

“Ce n’est plus tenable. Les gens n’ont plus de trésorerie pour ensemencer, ils ne parviennent plus à couvrir leurs frais. C’est chaud sur le terrain”, déplore Nicolas Coudray de l’Organisation des Producteurs de Lait (OPL), branche de la Coordination rurale, qui a vu affluer de nouveaux membres, désenchantés par les prix du lait. Selon lui, “même avec une hausse de 5,7% du prix, soit 15 euros, on ne parviendra pas à subsister”.

Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Agriculture n’a pas souhaité réagir. Les revenus annuels des producteurs laitiers ont chuté de plus de la moitié en 2009 pour atteindre les 9.000 euros, bien en dessous du Smic.