à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[19/03/2010 07:52:15] TOKYO (AFP) Gouvernement, poissonniers et amateurs de sushi ont salué vendredi au Japon le rejet d’une interdiction du commerce du thon rouge d’Atlantique Est et de Méditerranée.
“C’est bien !”, s’est félicité le Premier ministre nippon Yukio Hatoyama, quelques heures après le rejet par la CITES d’une proposition déposée par Monaco destinée à protéger cette espèce dont les stocks ont chuté ces dernières décennies.
Principal consommateur de l’espèce (80% des thons rouge pêchés sont mangés dans l’archipel, notamment en sushi), le Japon a mené un intense lobbying auprès des pays en développement pour qu’ils votent contre la résolution, qui a finalement été rejetée par une large majorité à la réunion de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES).
“Cela signifie que les importations de thon rouge vont continuer pour l’instant, et je pense que c’est bien que son prix n’augmente pas davantage”, a souligné le Premier ministre.
Le Japon ne s’approvisionne pas uniquement dans l’Atlantique et pêche davantage dans l’Océan Pacifique (25.000 tonnes contre 19.000 tonnes par an). En outre, le thon rouge n’est qu’une espèce de thonidé, la plus prisée, et le thon rouge de l’Atlantique Est et de la Méditerranée ne représente qu’environ 10% de la viande de thon consommée dans l’archipel, selon les experts.
Mais Tokyo s’inquiétait qu’une interdiction votée à Doha s’étende ensuite aux autres océans et autres espèces de thons.
“Je suis soulagé”, a confié le porte-parole du gouvernement Hirofumi Hirano. “C’est important de contrôler la ressource naturelle comme le Japon l’a expliqué”.
à Yokohama le 12 mars 2010 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Tokyo souhaite que la surveillance des stocks et la réglementation de la pêche soit confiée à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), qui réunit une cinquantaine de pays pêcheurs. Il s’est associé en novembre à une décision de cette instance de réduire les prises autorisées de 22.000 tonnes en 2009 à 13.500 tonnes en 2010.
La bonne humeur était palpable à Tsukiji, le plus grand marché aux poissons du monde situé sur la baie de Tokyo, où des négociants avaient manifesté contre la proposition monégasque la semaine dernière.
“Je suis contente que l’interdiction ait été rejetée”, jubilait Mihoko Uema, une touriste d’Okinawa (sud), en faisant la queue devant un restaurant de poisson cru. “J’aime les sushi, or une interdiction aurait pu s’étendre à d’autre poissons. Il vaut mieux limiter la pêche et gérer la ressource”, a-t-elle ajouté.
Nombre d’amateurs et de professionnels avaient, comme elle, conscience que le problème n’était pas réglé pour autant.
“Je reste inquiet car le débat devrait revenir sur le tapis”, résumait le négociant Yasuyuki Hanada, spécialisé dans le commerce du thon de la Méditerranée.
Répondant aux critiques d’Etats et d’ONG présents à la conférence de la CITES à Doha, qui l’accusent de mettre en danger la survie de l’espèce, le gouvernement japonais a insisté sur son engagement à sauvegarder le thon.
Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche Hirotaka Akamatsu a promis que le Japon jouerait un rôle “moteur” dans ce domaine. “Nous avons désormais la responsabilité de le faire”.